Solennité de la Pentecôte – B

Laissons-nous conduire par l’Esprit !

Jean 15,26 – 16,15

Sœurs et frères, nous célébrons aujourd’hui une merveille, une fondation, un anniversaire : l’anniversaire (mobile) du jour où l’Eglise s’est manifestée pour répondre au canevas missionnaire, à savoir être le témoin du Christ, son divin Époux et Fondateur « à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre » (Actes 1,8), et ainsi, accomplit sa vocation de Sacrement universel de salut (LG 48§2). En effet, cette Église qui a toujours été présente dans le sein du Père, fondée par l’Événement pascal, voit s’accomplir la promesse faite par le Christ aux Apôtres la veille de Sa passion : « Je vais vous envoyer d’auprès du Père le Protecteur… » (Jn 15,26). En ce jour de la Pentecôte, cette promesse se réalise de façon solennelle et, ainsi, culmine le Mystère pascal.

« Ce jour de la Pentecôte (juive), nous dit saint Luc (Actes 2,1-11), les Apôtres étaient réunis en compagnie de Marie et priaient. Soudain il vint du ciel un bruit pareil à celui d'un violent coup de vent: toute la maison où ils se tenaient en fut remplie. Ils virent apparaître comme une sorte de feu qui se partageait en langues et qui se posa sur chacun d'eux» pour créer en eux une nouvelle condition humaine, un sens d'unité, et les pousser vers l’aventure dans un monde, hostile à la vérité, qui n’a pas encore été prêt à recevoir le message du Christ. Et quel est cet Esprit dont Jésus le leur avait envoyé ?

A cet Esprit qu’Il leur avait promis, Jésus conférait deux appellations : le Défenseur et l’Esprit de vérité. « Et quand il sera là, l’Esprit de Vérité qui vient du Père, Il me rendra témoignage », promettait-Il. Pour comprendre le sens de la première désignation, il faut visiter le registre juridique. Vient du grec παράκλητος, paraklètos = le Paraclet = l’avocat est celui qu’un accusé appelle à son secours lors d’un procès pour parler en son nom. Et c’est exactement ce que fait l’Esprit Saint, ce Maitre intérieur qui plaide en notre faveur. Jésus savait que les Apôtres en auraient besoin « lorsqu'ils seront conduits devant les synagogues, les magistrats et les autorités. » Il les a donc d’avance rassurés de Sa sollicitude : « ainsi, ne cherchez pas avec inquiétude comment vous défendre ou que dire, car le Saint Esprit vous enseignera à cette heure même ce qu'il faut dire » (Lc 12,11-12) et, ainsi, « rendra témoignage en Ma faveur » (Jn 15,26).

Quant à la deuxième désignation, il s’agit d’une invitation à rester soudé à Sa Personne. Et qui est-Il ? St Jean nous l’avait déjà dit : « Le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14,6), en Qui tout était don d’amour et vérité (Jn 1,14). Toutefois, avant la venue de l’Esprit, les Apôtres n’en recevaient qu’une parcelle ; ils n’étaient pas encore habilités à recevoir ce don en plénitude, c’est simplement à ce jour qu’ils étaient « guidés vers cette vérité tout entière » (Jn 16,13). Voilà pourquoi les Apôtres, une fois remplis de l’Esprit-Saint, étaient prêts à briser leur peur et leurs inquiétudes pour aller transformer le monde ; et rien que le premier jour, ils ont pu pêcher 3000 âmes.  

Sœurs et frères bien aimés, depuis la Pentecôte, le temps de l’Eglise a déjà été inauguré. Nous vivons sous le Règne de l’Esprit, l’Âme de l’Eglise. Et puisque nous sommes Ses sujets, nous devons accueillir cette solennité comme une invitation à vivre sous la conduite de l’Esprit Saint. C’est d’ailleurs l’invitation de St Paul dans la deuxième lecture (Gal 5, 16-25). Et en quoi cela consiste-t-il ?

St Paul lui-même nous le dit : vivre sous la conduite de l’Esprit Saint consiste à ne pas céder aux tendances capricieuses et égoïstes de la chair. Oui, depuis la chute de nos premiers parents, nous sommes introduits dans un combat avec nous-mêmes où nous avons sans cesse tendance à ne pas faire le bien que nous voulons faire et faire le mal que nous devons éviter (Cf. Rm 7,19). Mais aujourd’hui, St Paul est pratique. Il parle sans détours. Céder aux désirs de la chair, c’est plonger dans  la débauche, l’impureté, toute sortes d’obscénité, la  jalousie, l’envie, et tout ce qui nous empêchera d’hériter le Royaume de Dieu. En parallèle, vivre sous la conduite de l’Esprit, c’est Le laisser former en nous Ses fruits comme l’amour, la joie, la paix, la  patience, la bonté, la bienveillance, la foi, l’humilité et la maîtrise de soi ; ces perfections qui sont comme des prémices de la gloire éternelle » (CEC 1832). Toi, sous le conduite de quel esprit vis-tu : celui de l’Esprit ou celui te chair ?

Puisse le Seigneur envoyer son Esprit qui renouvellera nos cœurs, et ainsi, nous pourrons apporter notre contribution au renouvellement de la terre !