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15 août 2020

Ce que l’humilité et la persévérance peuvent faire…

20e Dimanche A

20e Dimanche TOA

Matthieu 15.21–28

Femme, ta foi est grande

 

Dans les activités de piété haïtiennes, un très beau chant dit : «Lapriyè se kle ki louvri tout pòt… / la prière est un passe-partout ». Mais en méditant l’évangile de ce 20e Dimanche TOA, le Christ précise pour nous que toute prière ne l’est pourtant pas. Aussi, Il répond à tous ceux qui auraient pensé que Dieu n’entend pas leur requête. Ce n’est pas que Dieu soit sourd, nous montre-t-Il, mais c’est notre patience qui est souvent trop courte; c’est nous qui manquons d’humilité et qui n’avons pas une foi persévérante, tenace, qui, seule, peut nous donner l`audace et le courage de toujours aller jusqu’au bout de ce que nous désirons trouver auprès de Dieu.

Toutes ces caractéristiques, qui font d’une prière un passe-partout, on les retrouve chez cette Cananéenne qui nous enseigne une belle leçon. En effet, elle nous apprend que la prière ne constitue pas la chasse-gardée de ceux qui savent lire dans de gros livres. Elle n’est pas faite de mots triés d’avance ou connus par cœur. C’est, au contraire, épancher son cœur devant le Seigneur, se remettre à Lui (1Sam 1,15), c’est un cri spontané jailli d’un cœur sincère, « c’est un élan du cœur, un simple regard jeté vers le Ciel, un cri de reconnaissance et d’amour au sein de l’épreuve comme au sein de la joie ; enfin c’est quelque chose de grand, de surnaturel, qui nous dilate l’âme et nous unit à Jésus. » (Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus).

Aussi, elle nous apprend que nous ne devons jamais vouloir avoir raison lorsque nous nous présentons devant le Seigneur. Nous devons toujours donner raison au Seigneur qui, en fait, a toujours raison. Et enfin, nous ne devons jamais nous plaindre, et s’il faut que nous nous plaignions, que ce soit avec le 3e article du Pater : « Notre Père qui est aux cieux : que ta volonté soit faite », même lorsqu’Il fait semblant de Se taire.

Oui, comme à l’égard de cette femme dont l’évangile ne cite pas le nom, Dieu Se plait parfois de faire le sourd alors que nous sommes dans un besoin urgent. Ce silence quelquefois nous tourmente. Et pourtant, nous devons nous montrer très débrouillards mais très humbles, en insistant sans nous lasser, comme Anne que le prophète Elie prenait pour une saoul, et comme la Cananéenne pour qui les Disciples ont intercédé : «Donne-lui satisfaction, car elle nous poursuit de ses cris» (Mt 15,23). Cette exhortation de Sainte Jeanne de Chantal est pour nous un véritable booster à cet effet :

«Il faut se tenir ferme en l'oraison et ne jamais la quitter; car, en ce jeu, qui la quitte, la perd ; si l'on fait semblant de ne vous pas écouter, criez encore plus haut; si l'on vous chasse par une porte, entrez par l'autre; si l'on vous dit, comme à la Cananéenne, que vous ne méritez pas la grâce que vous demandez, avouez qu'aussi ne prétendez-vous pas aux grâces exquises, mais seulement de manger les miettes qui tombent de la table divine.»

Par ailleurs, en lisant de près cette portion d’évangile, nous voyons dans cette femme la Mère Eglise dont intercéder pour ses enfants et pour toute l’humanité envahie par le démon constitue une large part de sa mission. Oui, prise au charme du démon, l’humanité, gravement malade, se perd et devient incapable de faire le bien. Et seule une intervention directe du Christ peut la relever. Toutefois, cette même humanité doit s’y voir dans cette femme et doit en appeler au Seigneur par cette même puissante supplication, léguée par les Apôtres eux-mêmes et que nous récitons toujours au début de la Messe: «Kyrie Eleison !», une véritable mise de la main sur le Cœur du Christ pour obtenir de Lui le pardon dont nous avons besoin. 

Frères et sœurs, un autre aspect très important à souligner dans cette péricope Evangélique, c’est que Matthieu écrivait son évangile pour sa communauté faite d’anciens Juifs, un peu clanistes, xénophobes même, pour qui il n’était pas une très bonne idée de laisser « les étrangers » de se joindre à eux. Il écrivait alors pour leur apprendre que l’important devant Dieu, c’est la profondeur de sa foi, et non l’appartenance raciale. À nous aussi, Matthieu invite à éviter le piège dans lequel les apôtres se laissaient prendre: se sentir trop privilégiés avec Dieu et importuner jusqu’à exclure les autres, considérés comme étrangers. En lisant l'évangile avec attention, nous voyons au final que Jésus est un universaliste, il est contre toutes formes de préjudice. Le pape François ne cesse pas de le répéter:

«Dans nos vies chrétiennes, en bien des occasions nous serons tentés, comme les disciples dans l’Évangile de ce jour, de repousser l’étranger, le nécessiteux, le pauvre et les personnes en détresse. Ce sont ceux-là spécialement qui répètent le cri de la femme de l’Évangile: "Seigneur, aide-moi!”. Cette requête est le cri de toute personne à la recherche d’amour, d’accueil et d’amitié avec le Christ, celui de tant de personnes dans nos villes anonymes, le cri de tant de jeunes… et de tous ces martyrs qui aujourd’hui encore souffrent la persécution et la mort pour le nom de Jésus… C’est souvent le cri qui sort de nos cœurs eux-mêmes… Répondons, non pas à la manière de ceux qui repoussent les personnes qui nous sollicitent, comme si servir les nécessiteux entravait notre proximité avec le Seigneur. Non! Nous devons être comme le Christ qui répond à chaque demande d’aide avec amour, miséricorde et compassion. »

Abraham Lincoln, un grand homme que les Américains admirent, écrivait : « Ne dites jamais que Dieu est de votre côté. Priez plutôt pour être du côté de Dieu» afin de pouvoir voir avec Ses yeux et considérer tous les êtres humains comme des frères et des sœurs. Oui, l’admiration de Jésus pour cette pauvre femme de Canaan nous invite dorénavant à réfléchir sur nos propres discriminations – et nous en avons tous; aussi, elle nous indique l’attitude à adopter envers ceux et celles qui sont différents de nous. N’est-ce pas donc une occasion favorable de te questionner sut ta manière de prier ?

En fait, que cherches-tu, que demandes-tu dans ta prière : le salut ou un soulagement temporaire ? Des grâces spirituelles ou des choses éphémères ? Un cœur sensible aux problèmes de ton prochain ou un confort égoïste ? Pour qui pries-tu, pour ceux qui sont dans le besoin ou seulement pour toi et tes paires ?

Et quand Dieu « aurait retardé», te montres-tu persévérant-e ou bien tu te laisses emporter par le grand fleuve du découragement ou le torrent de la récrimination? As-tu déjà pensé que le salut est aussi, et cela au même niveau que toi, pour celui qui n’est pas de même foi que toi?

Enfin, comme le dit Père Nicolas Bossu, lorsqu’en demandant nous sommes menés par le Christ vers une toute autre réponse que celle que nous attendions – par exemple lorsqu’en demandant une faveur humaine, nous recevons une grâce spirituelle – savons-nous l’accueillir?

Le Seigneur prend note de tes besoins immédiats, Il veut « que la chose se fasse pour toi comme tu le veux ». Tout ce qu’Il réclame de toi, c’est une foi grande ; si tu entends Sa voix, ne ferme pas ton cœur.

 

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