Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
ad Iesum per hominem.-
Pages
Archives
27 mars 2021

Pour quel événement nous mettons-nous en procession ?

Dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur

(Marc 14,1—15,47)

 

Careme (8)

En lisant avec intérêt cette péricope, tout à coup, je ne peux m’empêcher de penser à tout un ensemble de pays. Mais celui qui s’épingle de force dans ma pensée est le mien, Haïti, et particulièrement ceux qui y sont nés d’après 1986 : nous sommes tous de pauvres victimes qui n’ont jamais eu la chance de voir un jour ensoleillé et de pouvoir planifier notre future; tout ce que nous ne cessons de constater, c’est la violence engendrée par la soif du pouvoir. En fait, toutes les barbaries humaines, de l’Egypte ancienne à nos jours, n’ont jamais eu d’autres dénominateurs communs que la soif du pouvoir : Je veux être le roi du monde ! Je veux diriger… Jésus, déjà à Sa naissance, a failli être assassiné à cause de la question des Mages : « Où est le Roi des Juifs qui vient de naitre ? » Hérode y voyait une menace… Echappé d’Hérode, Jésus, cette fois-ci, ne  peut S’y échapper puisqu’il était l’Heure…  

 « Ma vie, nul ne la prend, c’est Moi qui la donne », a dit Jésus (Jn 10). Et pourtant, il serait une erreur fatale de penser que son sacrifice a été voulu par son Père. C’est bien au contraire parce que l’homme ne voulait pas arrêter de faire tourner la machine de la spirale de la violence que le Seigneur S’y résolut de prendre sur Lui toutes nos barbaries, nos sauvageries, et nos humiliations humaines. En fait, Il ne S’y absente pas. Il y prend part, mais non pas en justicier, mais en victime afin de faire du lieu de l’horreur et de la mort, un lieu du pardon et de la vie tant pour les hommes d’hier que pour ceux d’aujourd’hui et de demain.

Oui, tous, nous sommes coupables et avons besoin du pardon de Dieu ; car de l’entrée triomphale à Jérusalem au Calvaire, en passant par Gethsémani, nous y étions tous. Ne sommes-nous pas aussi ambivalents que la foule, facile de passer  du « Hosanna au fils de David » à « crucifiez-le » ? Ne sommes-nous pas tout aussi sans scrupule que Pilate qui percevait la manipulation mais qui ménage ses interlocuteurs Juifs ? Ne sommes-nous pas Pierre qui jurait fidélité jusqu’à la mort mais qui allait renier le Maître ? Ne sommes-nous pas Judas qui a eu le privilège d’être du cercle intime du Maitre mais qui allait devenir le traître ? Ne sommes-nous pas comme ceux qui se tenaient à l’écart à regarder le déroulement de cette injustice et qui y participent au moyen de leur silence complice ?

Par ailleurs, nous nous tromperions grave si nous pensions que le Seigneur n’a pas réalisé notre attitude de caméléon, de traitre, de complice. Et si, pour une fois, Il a accepté cette manifestation de ferveur populaire, c’était simplement pour une raison plus profonde : avancer vers Sa grande œuvre qui est le Salut de l’humanité, de chaque visage qu’Il a rencontré dans cette procession tumultueuse, qu’Il continue encore à rencontrer au 21e siècle et qu’Il allait libérer de l’esclavage du péché afin de leur donner la vie éternelle.

Mais aujourd’hui, le Dieu-qui-fait-grâce nous invite à nous remettre en procession, mais avec une attitude nouvelle. Au lieu de l’ambiguïté, « deux sentiments doivent nous habiter particulièrement en ces jours : la louange, comme l’ont fait ceux qui ont accueilli Jésus à Jérusalem par leur « hosanna » ; et l’action de grâce car, dans cette Semaine Sainte, le Seigneur Jésus renouvellera le plus grand don que l’on puisse imaginer : il nous donnera sa vie, son corps et son sang, son amour. Toutefois, à un si grand don, nous devons répondre d’une manière adéquate, c’est-à-dire par le don de nous-mêmes, de notre temps, de notre prière, de notre vie en profonde communion d’amour avec le Christ qui souffre, meurt et ressuscite pour moi. » (Pape Benoît XVI, Homélie du 1er avril 2012).

Aussi, le Seigneur veut que nous soyons un peu des Simon de Cyrène qui, par la prière, un geste fraternel, un sourire et un coup de main, aident les autres à porter leur croix et, du coup, leur apportent un peu de paix, de lumière et d’humanité. Et enfin, comme l’ânon, nous devons nous faire disponible pour le Christ qui veut être annoncé et présent aux hommes tant par les sacrements que les témoignages vivants.

Alors, désinstallons-nous !  Comme les habitants de Jérusalem sortant de leurs maisons, sortons de ce qui nous tient enfermés à l’intérieur, « N’ayons pas peur d’ouvrir toutes grandes les portes au Christ » (St Jean-Paul II), marchons devant Lui et crions « Hosanna ! = sauve-nous ! ». Qui que vous soyez, en dépit du poids de nos péchés, le Seigneur qui vient nous chercher jusque dans notre péché et nos prisons intérieures nous invite, avec la Jérusalem triomphante, à entrer dans la louange et l’action de grâce. Toi, entends-toi Sa voix ? Ne ferme pas ton cœur !

Publicité
Commentaires
ad Iesum per hominem.-
Publicité
Derniers commentaires
ad Iesum per hominem.-
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 548 807
Publicité