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22 février 2020

Le chemin de la sainteté parfaite

7e Dimanche TOA
Matthieu 5.38–48
Et vous serez parfaits comme votre Père céleste

 

amour de l'ennemi

L’une des principales causes de mésentente, plus fantaisiste que réelle, entre les autres confessions chrétiennes et la foi Catholique est la réalité des Saints. Dieu seul est saint, se disent-elles, c’est gravement scandaleux d’approprier un tel titre à des humains. C’est anti-évangélique de dire : sainte Marie, saint Jean-Baptiste, saint Joseph, Saint Pierre, saint Paul, Saint Polycarpe, Sainte Thérèse, saint François d’Assise, saint Jean-Paul II… Ce titre, pensent-elles, est trop prestigieux pour l’attribuer à de pauvres mortels.

Paradoxalement, la Parole de Dieu pour ce 7e Dimanche nous enseigne tout à fait le contraire. Elle va jusqu’à nous rappeler que la sainteté, ou la perfection, n’est pas un privilège réservé à un petit groupe, à une « élite ecclésiastique », mais c’est l’affaire de tout le monde : notre vocation première à laquelle tout le monde est appelé. Saint Paul en avait pris conscience, voilà pourquoi lorsqu’il saluait les Chrétiens, il les appelait Saints (Rm 15,25 ; 16,15 ; 1Co 6,2 ; 14,33 ; 2Co 1,1 ; Col 1,2, etc.). Être un saint n'est donc pas un luxe, c'est nécessaire pour le salut du monde. Voilà pourquoi le Christ nous adresse cette invitation pressante : « Devenez parfaits comme votre Père céleste est parfait ».

En effet, depuis Moïse, cette invitation avait déjà été lancée (Lv 19,2b), car l’obligation à la sainteté était de règle. Toutefois, le livre du Lévitique nous présente une conception précise de la sainteté à cette époque : il s’agissait d’une « séparation », d’une mise à distance de l’impur, comme Dieu est lui-même séparé du monde, au-delà de notre condition profane. Autrement dit, au-delà de la pureté rituelle, il s’agissait d’une sainteté « vécue », en suivant les prescriptions de la Loi dans tous les domaines de la vie :avant d’assister à des théophanies ou de participer au culte, par exemple, Israël devait d’abord se purifier, c’est-à-dire se laver de toute souillure incompatible avec la sainteté de Dieu  (cf. Ex 19, 10-15).

Aussi, il était obligatoire pour chaque Israelite de contribuer à la bonne marche de la communauté. Ainsi, ils devraient s’évertuer à vivre cette invitation qui se cristallise dans ce précepte si fort : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même» (Lv 19, 18). En revanche, à tous ceux s’en désolidarisent, la Loi du Talion (œil pour œil, dent pour dent) est de mise. Une décision qui n’était du tout pas mal-intentionée. Pour le comprendre, il est nécessaire de jeter un œil sur les sociétés païennes d’alors.

Au fait, au sein de celles-ci, - par exemple : le fameux code d’Hammurabi présente dans la législation babylonienne, - il était question de se venger bien au-delà de l’outrage subi. Ainsi, en Israël, le Talion fit son apparition pour, d’une part, marquer le début d’un grand progrès ; car, en stipulant qu'on ne devait faire subir à l'agresseur que le traitement strict qu'il avait lui-même fait subir à sa victime, elle ne visait que limiter la violence ; mais d’autre part, elle était une invitation à être juste ; car si l’on fait grâce au méchant, il n’apprendra pas la justice.

De plus, en affirmant « Vous avez appris qu’il a été dit : tu aimeras ton prochain, et tu haïras ton ennemi », Jésus relève une autre réalité très forte dans le Pentateuque et tout au long de l’histoire d’Israël, mais que les Prophètes n’ont pas toujours combattue. Il s’agit de la violence contre les « ennemis », justifiée par la Loi et les institutions de la religion israélite. Elle sévissait contre deux groupes principaux : les ennemis du dehors (ces peuples avec lesquels Israël ne doit avoir aucune part pour ne pas abandonner le vrai Dieu (cf. Dt 7), et les ennemis du dedans (ces pécheurs qu’Israël doit extirper de son sein pour ne pas être contaminée ; il faut les retrancher du milieu de son peuple, c’est-à-dire exécuter le coupable).

Quelque utile qu’était cette Loi, on ne peut cependant ignorer son inefficacité. Il était donc temps pour le Verbe de Dieu de venir lui apporter son plein accomplissement. Mais pour ce faire, Il devait leur apprendre que Dieu n’apprécie pas l’observance d’un Sabbat qui méprise l’homme et le condamne. Aussi, Il devait sauver la femme adultère du zèle aveugle de ceux qui étaient déjà prêts à la lapider sans pitié, estimant agir au nom de cette même Loi.

Dans l’évangile de ce 7e dimanche, nous voyons clair que Jésus est venu apporter un bien plus. Il révolutionne aussi les consciences, ouvre de nouveaux horizons pour l’humanité et révèle pleinement la logique de Dieu. Oui, en nous donnant ces exemples concrets, Il nous invite à passer d’une morale du permis et du défendu à une morale de liberté fondée sur l’amour dont la logique ne se fonde pas sur la peur mais sur la liberté, sur la charité, sur le zèle sain et sur le désir salvifique de Dieu.

Sans supprimer les observances de la Torah, le Christ nous apporte son sens libérateur. Alors que les hommes se plaisaient à la réduire à des prescriptions légalistes, Jésus, Lui, veut faire de nous des fils ajustés à l’Amour sans limite qu’est Dieu et non pas des observateurs minutieux de préceptes. Il vient leur opposer des conseils de perfection, dont le but est personnel et spirituel, impossibles à traduire dans une législation officielle, mais qui font partie de la folie de l’amour

À notre époque, nous avons l’impression que celui qui exige beaucoup révèle un manque d’amour et nuit à l’épanouissement de celui qui obéit. Jésus vient nous dire exactement le contraire. Plus on aime, plus on exige pour élever l’aimé. Si Dieu est si exigeant avec nous, c’est parce qu’Il nous veut parfaitement un avec Lui. C’est pourquoi Jésus n’utilise pas le terme de « sainteté » du Lévitique : « Soyez saints, car moi, le Seigneur votre Dieu, je suis saint » (Lv 19, 2) ; Il le dépasse en parlant de « perfection » : « Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait. Un idéal trop élevé ?

Non ! nous dit le Christ. A toi qui lis ou écoutes ce message, tu as seulement besoin de te laisser transformer par Ma pensée. Tu n’es pas encore parfait/e, Je le sais ; tu as seulement besoin d’essayer de te tendre vers cette perfection. Devant l’offense faite à ta personne, dépasse tes réactions naturelles de rejet, de contestation et de vengeance puisque tu crois que l’autre aussi est fondamentalement un enfant de Dieu.

J’ai, du coup, quelque chose d’autre à te demander : quelle que soit la forme que peut prendre ton agressivité, je peux t’aider à la transformer en amour. Je te l’ai déjà dit lorsque je t’invitais à tendre l’autre joue à celui qui te gifle. Aime tes ennemis et espère leur bien en priant pour eux. Cette demande est d’une difficulté extrême à appliquer ; tu le ressens, je le sais. Mais tu peux y arriver ; sinon je ne te l’aurais demandé.

Oui, tu peux y arriver. Tu me prends pour ton Maitre ; Je le Suis. Et tu es Mon disciple. Mais ne Me suis pas sur le chemin de Cana ou de Béthanie. Suis-Moi sur le chemin de Golgotha ; car c’est là que tu comprendras le sens de mon invitation à pardonner à tes ennemis. Regarde-Moi sur la croix : J’ai demandé à mon Père de pardonner à mes bourreaux. J’ai voulu du bien à eux, même s’ils Me voulaient du mal. J’ai souffert et J’étais mort pour eux, alors qu’ils Me faisaient mourir. C’est exactement ce que Je te demande.

Maintenant acceptes-tu ce challenge consistant à répondre au mal par le bien ? Entre dans ma logique ; car avoir l'air d'un saint ne suffit pas, il faut la communion avec Dieu et les autres. De plus, il ne suffit pas d’être bon avec celui qui te rendra ta charité. Il faut oser l’amour avec ton ennemi, avec ton prochain ennuyeux et antipathique, avec le moqueur et le pernicieux.

Cet amour parfois doit prendre la voie de la prière dans le silence, quand ton ennemi te persécute et ne te laisse pas le choix du dialogue bienveillant. L’amour véritable est humble. Il ne fait pas de bruit. Il sait se taire et il sait quand et comment entrer en relation. Il sait aussi qu’il peut se tromper et demande pardon. L’amour doit aussi savoir patienter car tu n’es pas Dieu et tu ne pourras jamais juger le cœur de ton prochain.

Ce soir, avant de te coucher, je voudrais que tu fasses un examen de conscience : visualise les différents « ennemis » de ta journée pour leur pardonner avec l’amour de ton Seigneur. Après le « Notre Père que je t’ai déjà appris, tu peux ajouter cette courte prière : « Seigneur, avec le pouvoir de ton précieux Sang, je pardonne à untel/unetelle (le nom de mon « ennemi ») pour telle parole, action ou omission de sa part qui m’a (profondément) blessé/e. » Mais n’oublie pas d’être concret et de mettre des mots sur l’offense subie.

Demande pardon dans le silence. Car cela peut t’aider à apaiser ta colère et ta rancune et ainsi éprouver le poids doux et léger de Mon joug. Voilà le chemin de devenir un instrument de Ma paix : tu pourras ainsi mettre l’amour là où il y a la haine, le pardon là où il y a l’offense, la lumière là où il y a les ténèbres, la joie là où il y a la tristesse, pardonner qu’être pardonné/e… Entends-tu Ma voix ? Ouvre donc ton cœur !

 

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