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13 février 2021

La gloire de Dieu c’est l’homme debout !

6e Dimanche Ordinaire B (Marc 1,40-45)

 

La main de Dieu

Seul quelqu’un ayant fait l’expérience du Cholera ou un peu moins celle de la Covid-19 peut refléter la situation de l’homme dont il est question dans la péricope évangélique de ce 6e Dimanche Ordinaire B. C’était un lépreux. Dans la bible, nul autre fléau ne pouvait être plus terrible et plus mystérieux que la lèpre. De Moïse au Christ, (et même longtemps après), les Hébreux s’étaient persuadés que la lèpre était l’expression d’un châtiment divin, le visage d’une souillure intérieure. Le livre des prêtres, le Lévitique, d’où est extraite la première lecture, consacre deux de ses chapitres pour parler seulement de cette maladie contagieuse; non pas à propos de son éradication (ce dont aucun médecin d’alors ne pouvait faire), mais des symptômes et de l’exclusion de la communauté de quiconque s’en infecte.

Parler d’exclusion, il faut savoir qu’elle était tricéphale. Le malade était banni de sa famille, du Temple, et de la société. Et s’il se permet de passer là où il y a des gens, ou s’il entend des gens arriver, il devrait sonner une clochette afin qu’ils puissent s’éloigner le plus vite et le plus loin possible. Cet homme était donc comme déjà mort ; car même ses plus proches parents et amis qu’il avait coutume de chérir ne pouvaient l’approcher. Eux aussi qui l’aimaient comme un frère, comme un père, comme un mari, comme un fils, comme un ami ou un cousin, ne savaient comment réagir. Ils étaient totalement désemparés, car il n’y avait aucun remède. Désemparé à son tour, cet homme avait peut-être même commencé à sentir que rien ne changerait, que tout est fini pour lui ; car même s’il venait à tomber, être affamé, ou même mourir, personne ne s’en rendrait compte. Il a fallu l’arrivée de Jésus pour qu’il soit traité comme un frère aimé.

Oui, le Médecin par excellence qui a le cœur dans la main. Il enfreint les prescriptions légales et S’approche devant ce malheureux. Marc insiste sur le regard de compassion de Jésus : « Pris de pitié…» Quelle puissance d’accueil chez Lui ! Rien ne Le rebute, rien ne Le dégoûte, rien ne L’effraie… (L’histoire de l’Église contient pleins de gens qui agissent pareillement en face de leurs prochains lépreux ou assez malades : St François d’Assise et Mère Teresa, pour ne citer que ceux-là)  Et c’est là que cet homme osa quelques mots : « Si tu veux, tu peux me purifier ! » Quelqu’un a-t-il déjà été aussi humble que cet homme ?

Oui, bien sûr, Jésus va le faire ; car notre Dieu ne peut repousser et résister devant un cœur brisé et broyé (Ps 51, 19). « Je le veux, sois purifié ! ». Mais avant, Jésus, étendant Sa main sur lui, a osé un geste scandaleux : il toucha de Sa main l’intouchable. Ce faisant, Il montre clairement qu’Il est le Grand Sacrement de la rencontre du Père et de l’homme, dont tous les autres sacrements de l’Eglise tirent leur efficacité. Il parle et Il touche. Dans sa fresque au plafond de la Chapelle Sixtine, Michel-Ange a savamment illustré cette main de Dieu qui communique à celle de l’homme l’étincelle de la vie. Quant au pape Benoît XVI, il voit dans ce geste un symbole de toute la mission de Salut du Christ:

« Je le veux, sois purifié", répond Jésus, le touchant de la main et le libérant de la lèpre. Nous voyons ici en quelque sorte concentrée toute l'histoire du salut. Ce geste de Jésus qui tend la main et touche le corps couvert de plaies de la personne qui l'invoque, manifeste parfaitement la volonté de Dieu de guérir sa créature déchue, en lui redonnant la vie "en abondance" (Jn 10, 10), la vie éternelle, pleine, heureuse. Le Christ est "la main" de Dieu tendue à l'humanité pour qu'elle puisse sortir des sables mouvants de la maladie et de la mort et se remettre debout sur le roc solide de l'amour divin. » (Angelus du 12 février 2006).

Le récit pourrait s’arrêter là, mais il rebondit. Jésus renvoie l’homme en lui ordonnant de se taire à ce propos. « Ne dis rien à personne ! » ; tout simplement, parce qu’Il ne voulait pas être pris pour un m’as-tu-vu, une superstar par une foule manifestement irréfléchie. Cette invitation à la discrétion fait partie de Son secret messianique. Et pourtant, l’homme n’était pas plus tôt sorti qu’il se mit à le crier partout et à répandre la nouvelle…

Chers amis, en analysant la situation d’avant de cet homme, ne voyons-nous pas les sociétés ostraciseuses de notre époque, composées de gens dont leur priorité est de construire des murs et des barrières injustifiés entre les gens, entre les familles, entre les peuples… ? Dans notre entourage, peu importe où nous nous trouvons, n’avons-nous pas nos propres lépreux que nous humilions, méprisons, bafouons, maudissons, abandonnons à leur compte, des gens de qui nous ne voulons pas nous approcher du fait qu’ils ne sont pas de notre cercle amical, de notre famille, de notre religion, de notre pays, de notre chorale, de notre voisinage, de notre couleur, ou tout simplement du fait qu’ils sont pauvres, étrangers, handicapés, incroyants, sans éducation… ?

D’un autre côté, au moyen d’un simple voyage au plus profond de nous-mêmes, ne nous reconnaissons-nous pas dans cet homme dont l’évangile ne cite pas le nom ? N’avons-nous pas  une maladie qui ronge en nous et la santé et la sainteté ? Dans ses lettres aux Corinthiens et aux Romains, Saint Paul nous dresse tout un catalogue de péchés : « liberté sexuelle, idolâtrie, adultère,  jouissance, homosexualité, vol, cupidité, ivrognerie, calomnie, profit, débauche, querelle, colère, jalousie, emportement, rivalité, division, sectarisme, gourmandise » à quoi nous pouvons ajouter : corruption, amour aveuglé du pouvoir, assassinat, trahison, kidnapping, malhonnêteté, ingratitude, indifférence, méchanceté, dilapidation du bien publique, diffamation, et tout le reste. N’y a-t-il pas aucune de ces lèpres de laquelle nous désirons être purifiés ? Le Médecin des corps et des âmes veut nous en délivrer, comme Il l’a fait pour l’homme dans l’évangile. Demandons-le-Lui dans la prière.

Mais, lorsque nous prions, comment nous adressons-nous au Seigneur ? Recherchons-nous Sa volonté ou Lui imposons-nous la nôtre? Au conditionnel ou à l’impératif ? « Si tu le veux… ou tu dois ? Et si Sa réponse n’est pas forcément celle à quoi nous y attendions, quelle serait notre attitude ? Et une fois guéris de nos lèpres, allons-nous partout publier Ses merveilles dans notre vie ? Ne les gardons-nous pas pour nous-mêmes?

Chers amis, chacun de nous a déjà été participé ou participe encore dans une histoire d’exclusion, soit en victime soit en bourreau ; chacun de nous est en train de souffrir au moins d’une lèpre, matérielle ou spirituelle, qui porte les autres ou nous-mêmes à nous voir comme un vieux bout de bois devant lequel on passerait avec indifférence. Mais Il est encore là. Il nous appelle, le Médecin qui, en bon charpentier, est capable de nous ramasser, nous polir par les sacrements confiés à l’Eglise, nous transformer en une magnifique œuvre d’art qu’Il replace dans l’exposition fraternelle et qui suscite l’émerveillement de tout le monde ; car « Sa gloire c’est l’homme debout » (St. Irénée de Lyon). C’est pour faire éclater Sa gloire en nous que le Seigneur nous appelle ; quant à toi, si tu entends Sa voix, ne ferme pas ton cœur !

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