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28 avril 2018

5e Dimanche de Pâques – B

Pour que vous portiez beaucoup de fruits

le Cep et les sarments

 

Première Lecture : Actes 9.26–31
Psaume : Psaume 22.26–28, 30–32
Deuxième Lecture : 1·Jean 3.18–24
Évangile : Jean 15.1–8

 

Trop de baptisés croient que le Christianisme est un ensemble stable auquel on adhère une fois pour toutes et qu’il suffit de cultiver pour garder une bonne conscience. A cette catégorie appartiennent ceux que nous pourrons appeler les pratiquants rituels (en ce sens que la pratique de la religion chrétienne, avec ses obligations strictes à observer, leur convient et les rassure). Y appartiennent aussi les moralisants, qui souvent se confondent avec les premiers. Pour eux, la religion est un code de lois auquel on obéit, soit machinalement par habitude, soit par crainte, mais jamais par amour. La morale, qui est leur règle, est d’ailleurs une morale du minimum. Ils connaissent très bien la distinction entre le péché véniel et le péché mortel. Certes ils essaient d’éviter celui-ci ; mais ils s’accommodent très bien au péché véniel ; en ce sens, la distinction leur est précieuse. S’ils tombent dans le péché mortel, la confession est un moyen facile d’en sortir et de recommencer leur vie ; quelle vie ? Sans horizon et sans ampleur…

Par cette expression « Demeurez dans mon amour afin que vous portiez beaucoup de fruits », le Christ nous rappelle aujourd’hui que le Christianisme est une dynamique, ou si l’on veut, une croissance. Tout l’Evangile d’ailleurs nous l’apprend ; et l’on ne compte pas les nombreuses paraboles ou allégories qui soulignent cet aspect : semeur, semence, graine, ferment dans la pâte.

Nous sommes à la vieille de la passion de notre Seigneur, le dernier soir, au moment d’être livré et d’entrer librement dans sa passion ; il vient de laver les pieds de ses disciples, puis il leur a annoncé son départ imminent et l'envoi de l’Esprit. Curieusement et contrairement aux Evangélistes synoptiques, Jean ne raconte pas l’institution de l’Eucharistie et du sacrement de l’Ordre : mais voici qu’il rapporte les paroles de Jésus sur la vigne et le vin dans des termes qui parlent d’Alliance. Si bien que ce texte pourrait bien être une véritable méditation eucharistique proposée par Jésus lui-même

« Moi, je suis la vraie vigne…) » Par cette formule, le Christ dévoile aux siens qui il est : Sagesse de Dieu. Celle-là même qui, au chapitre 9,1 du livre des Proverbes, « a bâti sa maison, en a dressé les sept colonnes, mélange son vin et appelle ses enfants : Venez manger de mon pain et boire le vin que j’ai préparés pour vous ! » Et quelles sont ces 7 colonnes, ces 7 formules par lesquelles le Christ se définit lui-même ?

  1. Moi, je suis le Pain de Vie (Jean 6,35.48)
  2. Moi, je suis la vraie Lumière (Jean 8,12)
  3. Moi, je suis la Porte des brebis (Jean 10,7.9)
  4. Moi, je suis le bon Pasteur (Jean 10,11.14)
  5. Moi, je suis la Résurrection (Jean 11,25)
  6. Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie (Jean 14,6)
  7. Moi, je suis la Vigne véritable (Jean 15,1.5)

Regardez bien : la 1re et la dernière sont les Espèces eucharistiques.

Jésus est la Vigne essentielle, qui ne trompe pas. Logiquement, s’il dit être la Vigne véritable, c’est qu’il y a donc, et nous pouvons le constater, des vignes qui ne sont pas véritables, des vignes apparentes desquelles nous pouvons être les sarments. Quelles sont ces vignes sur lesquelles nous sommes accrochés, dont nous voulons vivre, et dont les fruits ne sont pas à la gloire du Père ? L’argent ? Le plaisir ? Le pouvoir ? Le savoir ? un job ? Un busness ? Une femme ? Un homme ? Un candidat ? Un patron ? Un enfant ? Une profession ? Quelle est cette vigne ? Il est parfois difficile de le voir, le psaume 138 nous enseigne cette prière pour nous détacher des mauvais enracinements : « Vois si je prends le chemin des idoles, conduis-moi sur le chemin d’éternité. » (Ps 138, 24)

Aujourd’hui, le Seigneur nous rappelle comment, nous sarments, nous participons à la même vie que le cep qu’est lui-même. Par une adoption spirituelle grâce au sacrement du Baptême, nous sommes devenus filles et fils de Dieu, nous participons à sa nature même. Le numéro 2 du document conciliaire Lumen Gentium dit que nous avons été créés dans un tel but. Par une greffe d’amour, nous partageons, si l’on peut s’exprimer ainsi, l’ADN de Dieu. Et ce matin, nous invités à demeurer dans un tel greffage.

Dans le texte d’aujourd’hui, l’expression «demeurer» est répétée 7 fois en quelques lignes. Mais dans la péricope évangélique sur la vigne, ce mot revient 11 fois ; Judas était déjà parti. C’est comme si Jésus invite à chacun de ses disciples personnellement de demeurer en lui. C’est ce qu’il fait encore aujourd’hui avec chacun, chacune de nous qui prétend être son disciple. Alors se pose l'inévitable question : Demeurer en Jésus, oui mais comment ? Comment pouvons-nous être sûrs de le rencontrer ?

Ce sont les fruits et non les belles paroles qui nous identifient en tant que disciples du Christ : «ce ne sont pas ceux et celles qui disent ‘’Seigneur, Seigneur’’ qui entreront dans le royaume des cieux, mais ceux et celles qui font la volonté de mon Père» (Mt 7, 21). Est-ce pourquoi l’expression «porter du fruit» est répétée six fois : 6, chiffre de l’humanité (Dieu a créé l’homme et la femme au 6e jour). Jésus condamne le figuier stérile qui n’avait que des feuilles. Il réprouve le servant inutile qui enterre son talent. Il reproche aux pharisiens de ne pas faire les œuvres de leur père Abraham (Jn 8, 39, Mt 3, 9). «C’est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez» (Mt 7, 16). L’abbé Pierre répétait souvent : «Lorsque nous arriverons à la fin de notre vie, on ne nous demandera pas si nous avons été croyants, mais si nous avons été crédibles», si nous avons vécu nos engagements chrétiens de façon cohérente.

Il est intéressant de noter que, dans son évangile, Jean ait remplacé l’institution de l’Eucharistie par le lavement des pieds : «Vous m’appelez Maître et Seigneur, et vous dites bien, car je le suis. Dès lors, si je vous ai lavé les pieds, moi, le Seigneur et le Maître, vous devez vous aussi vous laver les pieds les uns aux autres ; car c’est un exemple que je vous ai donné : ce que j’ai fait pour vous, faites-le vous aussi.» (Jn 13, 13-15). Les communautés chrétiennes du premier siècle célébraient l’eucharistie tous les dimanches, donc l’évangéliste ne sentait pas le besoin d’en décrire l’institution lors de la dernière scène. Par contre, il voulait mettre l’accent sur les œuvres et les fruits que l’eucharistie et la rencontre avec le Christ doivent engendrer.

Être accroché à la bonne vigne n’est pas suffisant pour porter du fruit à la gloire du Père. Il faut y demeurer. Cela ne se passe pas comme avec notre voisin de quartier ou de communauté de mission, ou notre collègue de travail. On ne rencontre pas Jésus en direct mais par des intermédiaires. Il nous faut trois chemins pour cela : Celui de la Parole de Dieu, celui de la prière et des sacrements et celui de la vie quotidienne. 

Notre foi peut se développer si elle est vivante, si elle joue un rôle actif dans notre vie de tous les jours, si elle porte du fruit. C’est pourquoi nous venons rencontrer le Seigneur chaque dimanche afin d’écouter sa parole et reprendre des forces pour la semaine qui commence. Porter du fruit ne veut pas dire faire des choses extraordinaires, ça veut dire bien faire les choses ordinaires, les faire avec amour. Rattachés au Christ comme les sarments à la vigne, éclairés par l’Esprit Saint, nous pouvons alors donner du fruit en abondance. Les fruits de l’Esprit, nous dit Saint Paul sont : «l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la douceur, la fidélité, la tendresse, la capacité de contrôler nos colères... »

Porter du fruit, c’est donner un coup de main au voisin malade ou handicapé, visiter les vieux parents qui vivent dans la solitude, venir en aide à ceux et celles qui souffrent, savoir écouter et encourager, pardonner à ceux et celles qui nous ont offensés, faire un peu de bénévolat, participer à la vie de la paroisse, partager avec ceux et celles qui sont dans le besoin, etc.

Le texte d’aujourd’hui nous rappelle combien il faut prier. Dans la prière, on "s'entre-tient", on se soutient les uns les autres; on prie les uns pour les autres, les uns avec les autres. Il faut entretenir une relation régulière avec le Christ, afin que notre foi et notre engagement ne s’éteignent pas, comme la flamme d’une lampe qui manque d’huile. Grâce à la sève vivifiante de la vigne, les œuvres de bonté  peuvent se produire et se multiplier.

Dieu a besoin de nous pour créer un monde meilleur, un monde de respect, de fraternité et d’amour. Il a besoin de nos mains, de nos pieds, de notre cœur dans un monde souvent sans merci pour les plus faibles. Les textes d’aujourd’hui rappellent que si nous sommes unis au Christ, comme les sarments à la vigne, nous recevrons sa force et sa vie, nous nous aimerons les uns les autres et nous porterons beaucoup de fruits.

Le problème c'est notre péché et celui du monde. Trop souvent, nous croyons qu'au point où nous en sommes, rien n'est possible. Mais, en nous disant dans la 2ème lecture : « Si notre cœur nous accuse, Dieu est plus grand que notre cœur », saint Jean veut nous dire que personne n’est jamais perdu pour Dieu ; nul n’est jamais trop loin pour Dieu. Si nous fixons notre regard sur lui, nous avons la certitude d'être aimés, même si nous sommes de grands pécheurs. Forts de cette certitude joyeuse, nous pourrons à notre tour regarder les autres avec amour. Nous ne nous contenterons pas de paroles creuses mais nous aimerons les autres en esprit et en vérité ; ou plutôt, c'est le Christ qui les aimera en nous et par nous.

Que le Seigneur nous fasse entendre sa Parole, qu’il nous aide à l’accueillir avec un cœur ouvert et qu’il la fasse demeurer en nous et nourrisse, comme un pain quotidien, notre journée.

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