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20 mars 2021

Le « qui perd gagne » chrétien

5e Dimanche de Carême B – Jean 12,20-33

 

Le grain de ble

On raconte que Mère Teresa de Calcutta était un jour invitée à une émission de TV aux USA où l’on promouvait les pains les plus appétissants que les gens auraient besoin pour leur petit-déjeuner. Constatant l’ignorance des gens au sujet de leur véritable faim, elle déplaça le sujet et dit subitement: « Je m’aperçois que nous avons aussi besoin du Christ. » En effet, c’est la faim des hommes de tous les temps. C’était cette faim qu’avaient ressentie les Grecs – c’est-à-dire les Juifs de la diaspora – venus à la fête pour adorer. « Nous voudrions voir Jésus, » disaient-ils à Philippe qui, à son tour, le disait à André et qui, ensemble, allaient le dire à Jésus.

Et Jésus, sachant qu’Il S’avançait résolument vers l’accomplissement de l’Heure – l’Événement pascal, - allait profiter de cette occasion pour expliquer à Ses disciples le mystère à venir. Et pour ce faire, Il prit l’image du grain de blé, très utilisé dans la vie courante, - car la « mort du grain » peut se réaliser soit dans la terre, lorsqu’il est semé, pour germer ensuite en épi qui portera de multiples grains, soit moulu pour la confection de la farine, afin de se transformer en pain- : « En vérité, en vérité, je vous le dis : si le grain de blé ne tombe pas en terre pour y mourir, il reste seul. C’est quand il meurt qu’il porte beaucoup de fruits. »

Derrière cette réalité naturelle, se cache la signification théologique du passage nécessaire par la mort pour accéder à une renaissance et au salut. « C’est en mourant qu'on ressuscite à l'éternelle vie» (saint François d’Assise). Dans son homélie du 15 juin 2006, Pape Benoît XVI disait que : « Dans le pain fait de grains moulus, se cache le mystère de la Passion. La farine, le blé moulu, suppose que le grain est mort et ressuscité. En étant moulu et cuit, il porte ensuite en lui une fois de plus le mystère même de la Passion. Ce n’est qu’à travers la mort qu’arrive la résurrection, qu’arrivent le fruit et la vie nouvelle. Les cultures de la Méditerranée, au cours des siècles précédant le Christ, ont profondément perçu ce mystère. Sur la base de l’expérience de cette mort et de cette résurrection, elles ont conçu des mythes de divinité qui, en mourant et en ressuscitant, donnaient la vie nouvelle. Ce qui, dans les mythes, était une attente et qui, dans le grain de blé lui-même, est caché comme signe de l’espérance de la création - cela a réellement eu lieu dans le Christ. À travers sa souffrance et sa mort choisies, Il est devenu pain pour nous tous, et, à travers cela, une espérance vivante et digne de foi : Il nous accompagne dans toutes nos souffrances jusqu’à la mort. Les voies qu’il parcourt avec nous et à travers lesquelles il nous conduit à la vie sont des chemins d’espérance» Mais, qu’est-ce que cela veut dire concrètement ?

Chers amis, la signification du grain de blé qui meurt ne se limite pas à ce seul moment de notre vie. C’est ici et maintenant que le Christ nous demande de devenir grain de blé qui meurt ; car nous sommes faits, nous aussi, pour le don total de nous-mêmes dans l’amour. L’homme n’est pas fait pour lui-même. Il est fait pour aimer. Pour nous aussi, il n’y a pas de plus grand amour que de donner notre vie pour les autres. La loi du grain de blé qui se dissout en terre pour resurgir démultiplié, c’est aussi notre loi à nous qui avons été créés à l’image de Dieu.

En réalité, il y a plein de gens qui désirent porter du fruit pour le monde, pour leurs familles, pour leurs proches, pour l’Église mais qui ont peur de se laisser transformer ; c’est-à-dire, ils ont peur de mourir en eux-mêmes. Or, refuser de mourir à soi, c’est rester stérile. La satisfaction de nos petits instincts égoïstes est la route la plus sûre pour rater notre vie. Alors la question se repose : comment devenir grain de blé qui tombe en terre et meurt ?

Devenir ce grain de blé c’est apprendre à décroître pour que le Christ grandisse en nous, afin de nous offrir de plus en plus totalement au Père, par Lui ; c’est aussi demander au Seigneur, avec le désir vrai de vivre notre vocation, de nous montrer tout ce que, dans notre vie, nous ne faisons que pour nous-mêmes. Devenir le grain de blé qui tombe en terre et meurt, c’est également mourir à nos rêves de corps parfaits et de bien-être absolu, à l’idolâtrie du gain, de la culture ou de la vie sociale mondaine, à l’ambition qui nous entraîne dans la suractivité à notre désir de bonne réputation.

Oui, à quelques jours de la grande Semaine, il est bon de refaire une fois de plus le bilan réaliste de nos « amours» : conjoints, enfants, parents, collègues, voisins, condisciples... Acceptons de mourir à notre égocentrisme et notre indifférence pour vivre à plein et donner du fruit. Acceptons de tuer le vieil homme qui est en nous pour ressusciter en Dieu. Quittons nos citernes lézardées pour nous désaltérer à la Source vive originelle… Pour ne pas rester seul et porter du fruit, c’est toute notre existence qui doit être morte à elle-même. Autrement dit, nous sommes de vrais gagnants uniquement lorsque nous acceptons de tout perdre pour le Seigneur et nos prochains.

A la fin de cette péricope évangélique, saint Jean nous rapporte qu’une réponse vint du ciel : « Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore. » Les gens qui étaient là et qui avaient entendu, disaient : « C’est le tonnerre. » D’autres disaient : « Un ange lui a parlé. »  Alors Jésus déclara : « Cette réponse était pour vous et non pour moi ». Aujourd’hui, c’est pour nous que cette réponse a été donnée ; et elle attend l’amen de notre oui. Alors, si nous l’entendons, ne fermons pas votre cœur.

 

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