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17 octobre 2020

A César et à Dieu, que donner ?

Donner a Cesar

29e Dimanche TOA

Matthieu 22,15-21

Ils Le laissèrent et s’en allèrent…

 

« Rendez à César ce qui est à César… » Voilà un des dictons de la Bible, devenu populaire même sur les lèvres de ceux qui sont à peine capables de balbutier quelques mots. Contrairement aux autres, celui-ci promeut la première des vertus cardinales : la justice– rendre à l’autre ce que lui est dû. Mais connaissons-nous le contexte dans lequel il a été dit ? Prenons-nous conscience de sa portée ?

Cette phrase, vieille de plus de 2000 ans, a été la réponse donnée par Jésus à ceux qui voulaient utiliser Ses propres paroles à ses dépens : ils voulaient Le piéger. L’évangile de ce 29e Dimanche nous dit qu’en de paroles flatteuses, des disciples des Pharisiens et des Hérodiens Lui disaient : « Maître, nous savons que tu es droit et que tu enseignes les chemins de Dieu selon la vérité, sans te laisser influencer par personne ; car tu ne cherches pas à te faire bien voir. Dis-nous donc ton avis : est-il permis de payer l’impôt à César ou non ? »

Aujourd’hui encore, il y a des gens qui perpétuent cette tendance misanthropique en ce sens qu’ils n’arrêtent pas d’utiliser ce même dicton pour s’en prendre à l’Eglise du fait de se «mêler des questions politiques » et non pas s'occuper uniquement de la liturgie. Malheureusement, ils se trompent ; car la liturgie est un culte donné au Dieu de toute justice. Alors, il est impossible à l'Église de se cloîtrer dans ses murs et de fermer ses yeux, ses oreilles et sa bouche face aux problèmes d'ordre humain de notre époque. Il faut qu’elle rende à Dieu ce qui est à Dieu ; car «une tolérance qui accepte Dieu uniquement en tant qu'opinion privée, mais qui l'enlève du domaine public n'est pas tolérance, mais hypocrisie» (Benoît XVI).

C’est justement de cela que Jésus a traité ses questionneurs : hypocrites. Et, comme l’a fait remarquer Marie Noëlle Thabut, Il a deux raisons majeures de les avoir ainsi traités :

1.- Cette soi-disant question n’en est pas une... les pharisiens l’ont résolue, il y a longtemps. A Jérusalem, où se passait la scène, il n’était pas question de faire autrement, sauf à se faire prendre pour un hors-la-loi. Ce que, ni les uns ni les autres, qu’ils soient Pharisiens ou partisans d’Hérode, n’avaient pas l’intention de faire. Payer l’impôt à l’empereur, « Rendre à César ce qui est à César », ils le faisaient et Jésus ne leur donnait pas tort. D’ailleurs, Il a lui-même payé l’impôt une fois pour Lui et pour Simon-Pierre (Matthieu 17,24-27).

2.- Ils ne posaient pas une question, ils tendaient un piège, ils cherchaient à prendre Jésus en faute... Piéger le discours est un acte de mauvaise volonté qui veut falsifier la position de l’interlocuteur, en voulant le discréditer avec des intentions perverses. Et le ton faussement respectueux qui précédait la question forçait encore le trait : « Maître, lui disent-ils, nous le savons, tu es toujours vrai et tu enseignes le chemin de Dieu en vérité » : très flatteur… juste pour Le bien piéger. Et ce piège-là, logiquement, Jésus ne devrait pas s’en sortir ; de deux choses :

1.- Soit Il refuse de payer l’impôt : ce qui incitera ses compatriotes à refuser l’impôt prélevé au profit de l’occupant romain ; et il sera facile de Le dénoncer aux autorités comme résistant ou même comme révolutionnaire ; et Il sera condamné...

2.- Soit Il conseille de payer l’impôt : ce qui permettra de Le discréditer aux yeux du peuple comme collaborateur des Romains. Mais qui pis est, c’est qu’Il perdra toute chance d’être reconnu comme le Messie ; car le Messie attendu doit être un roi indépendant. Par conséquent, un Messie qui fait bande avec César ne serait, aux yeux du peuple et des autorités religieuses, qu’un imposteur et un blasphémateur qui ne mérite que la mort.

Le piège est bien monté ; comme nous, chrétiens, nous nous plaisons parfois à les monter aux dépens de nos propres prochains. Mais heureusement Jésus n’est pas dupe ; Il S’en rendait compte. Pourtant, Il n’y répondait pas par un autre piège. Il traite la question comme une question et il y répond : « Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu ».

Rendez à César ce qui est à César, y compris l’impôt, c’est tout simplement reconnaître que César est actuellement le détenteur du pouvoir ; c’est accepter une situation de fait. Mais plus tard, au cours de sa Passion, Il dira à Pilate « Tu n’aurais sur moi aucun pouvoir, s’il ne t’avait été donné d’en-haut » (Jean 19,11). « Rendez à Dieu ce qui est à Dieu ». La vraie question est là : Etes-vous sûrs de rendre à Dieu ce qui est à Dieu ? En l’occurrence : Me reconnaissez-vous comme Celui qui vient de Dieu le Père ? Vous rendez-vous compte que « Je suis à Dieu » ?

« Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu ». Il faut y voir deux réalités : César et Dieu. La réponse de Jésus nous fascine. Rendez à César ce qui est à César parce que, sur cette pièce, il y a l’effigie de César. Cette monnaie est à lui, elle porte son signe. Donc, rendez à César ce qui relève de son domaine. Et rendez à Dieu ce qui est à Dieu. Mais où trouve-t-on le signe de Dieu : sur quelque chose, sur un élément du monde ou sur quelqu’un? Saint Augustin répond en disant : « Que réclame de toi César ? Son image. Que réclame de toi le Seigneur ? Son image. L’image de César est sur une pièce de monnaie ; quant à l’image de Dieu, elle est en toi ». L’homme est l’Effigie de Dieu (Genèse 1,27). Dans nos liturgies, ne chantons-nous pas : TOUT HOMME EST UNE HISTOIRE SACRÉE, l’HOMME EST À L’IMAGE DE DIEU ?

Par ailleurs, la question piégée qui fut adressée au Christ, lors de ses derniers jours à Jérusalem, doit nous servir d’avertissement : les ennemis du Christ et de son Église cherchent sans cesse à nous présenter de fausses alternatives. Ils arrivent jusqu’à avoir l’audace d’imposer des lois, des décrets et des règlements qui vont droit à l’encontre de nos propres valeurs chrétiennes et humaines. Mais cela ne doit pas nous empêcher d’exercer notre liberté et d’agir selon notre propre conscience.

« Rendons à Dieu ce qui est à Dieu !» Non, nous ne donnerons jamais aux nouveaux César ni notre foi, ni notre comportement moral, ni nos espérances, ni nos rêves, ni ce qui fait de nous des humains. Ils ne pourront jamais nous obliger à agir contre notre conscience : « les pièces de monnaie », c’est tout ce que nous les devons, puisqu’elles portent « leurs effigies » ; quant à l’être humain, créé à l’image de Dieu (Homme et femme il les créa, à son image il les créa ; Genèse 1,27), il appartient à Dieu à tout jamais ; il porte l’effigie de Dieu.

De Dieu, à toi :

Mon enfant, tu veux me rendre ce qui est à Moi ? Ce qui est à Moi, c’est l’être humain ; je l’ai créé pour être aimé. Je l’ai voulu et en ai fait un peu moins qu’un Dieu et Je l’ai couronné de gloire et d’éclat. Aussi, je lui ai soumis l’œuvre de Mes mains, et J’ai tout rangé sous ses pieds, que ce soit les brebis ou les bœufs, ou même les bêtes sauvages et l’oiseau du ciel et les poissons des mers… (Psaume 8). Les biens matériels, je les ai créés aussi, mais pour être utilisés. Si le monde va si mal, s’il va à l’envers, c’est parce que les biens matériels sont aimés et les humains sont utilisés. Donc, je vais t’apprendre ce qui Me revient.

Rendre à ton Dieu ce qui est à Lui, c’est refuser de te solidariser dans le mal pour travailler à la promotion de l’homme, chemin qui mène à Moi. Aussi, c’est reconnaitre que tu n’appartiens pas à l’argent du monde ; il ne doit jamais te pousser à compromettre ta dignité d’être humain. Me rendre ce qui Me revient, c’est au final ne jamais oublier tu M’appartiens comme Ma « monnaie » dont Mon effigie et Mon inscription apparaissent dessus ; laisse donc place à Ma jalousie : Je veux que les vertus de Mon amour gratuit apparaissent dans le monde par la sainteté de ta vie.

Tu veux me rendre justice ? Alors, Ne perds jamais Mon image et ma ressemblance dans ton âme. Voilà Ma justice ! M’entends-tu te parler ? Ne ferme pas ton cœur !

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