Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
ad Iesum per hominem.-
Pages
Archives
5 septembre 2020

Corrigez… mais fraternellement !

 

23e Dimanche TOA

Matthieu 18,15-20

Si ton frère a péché, va le reprendre…

 

Baiser de paix

Sœurs et frères, il y a des dangers ruineux et mortels dont nous, hommes et femmes du 21e siècle, nous sommes laissés envahir. Parmi ces dangers, se trouvent l’individualisme, le chacun pour soi, qui nous laisse comprendre que nous n’aurions aucune dette envers personne, et le refus de pardonner. Et pourtant, la parole de Dieu pour ce 23e Dimanche TOA nous rappelle que l’individualisme est antihumain - donc antichrétien -, car nous sommes une race communautaire, des veilleurs, chargés de veiller sur le bien de la communauté, donc responsables les uns des autres et que nous sommes appelés à garder une dette envers les autres, celle de l’amour. Mais comment s’acquitter de cette dette ?

Donner conseil, dit-on, c’est imprudent. Car la plupart du temps, celui qui conseille se fait accuser de la poutre dans son œil, de son anneau chez l’orfèvre. L’homme d’aujourd’hui a donc peur de corriger son prochain. Mais comment être chrétien et rester bouche bée devant les déchirures dans les familles et les couples, les querelles entre confrères et consœurs, les séparations entre parents et enfants, les zizanies entre amis, voisins et collègues de travail ? Les tensions dans les chorales et les groupes ?

Comment être un disciple du Christ et cautionner les unions illégitimes, l’anarchie, l’avortement, la corruption, le trafic et l’exploitation des humains, les abus et comportements sexuels déviants, les crimes incessants, les assassinats et les complots, pour ne citer que ceux-là… Mais d’un autre côté, comment nous comporter, comment trouver un équilibre, une attitude de sagesse qui nous permettrait de ne blesser personne sans pourtant compromettre la vérité ?

Dans cette péricope évangélique, Jésus nous indique la voie à suivre : le dialogue franc. D’abord personnellement avec le concerné avant même d’en parler à d’autres, pour éviter sans doute d’aggraver ses blessures. S’il n’écoute pas, c’est là que nous devons trouver d’autres moyens afin qu’il puisse rejoindre les autres. Oui, nous avons notre propre poutre dans l’œil ; mais cela ne veut pas dire que nous ne pouvons pas reprocher le pécheur de ce qu’il a fait de mal : « Toutefois le reproche chrétien n’est jamais fait dans un esprit de condamnation ou de récrimination. Il est toujours animé par l’amour et par la miséricorde et il naît de la véritable sollicitude pour le bien du frère. L’apôtre Paul affirme : “Dans le cas où quelqu’un serait pris en faute, vous les spirituels, rétablissez-le en esprit de douceur, te surveillant toi-même, car tu pourrais bien, toi aussi être tenté” (Ga 6, 1). » (Benoît XVI, message pour le Carême 2012.).

Suivre le Christ n’a jamais été chose facile. La recommandation d’aujourd’hui en est une preuve parmi tant d’autres. Voyons ça de près : la logique humaine et naturelle veut que le coupable soit celui qui doit chercher et même quémander le pardon de celui à qui il a causé du tort. Mais aujourd’hui, le Christ nous demande exactement le contraire : « Si ton frère a commis un péché contre toi, va lui trouver seul à seul… » C’est intransigeant, non ? 

Oui, il faut du courage pour se reconnaitre imparfait, non exempt de torts et aller trouver son prochain, en dépit des torts qu’il a causés, afin de lui parler de ses lacunes, de ses faiblesses. Mais malheureusement, et cela si nous voulons être honnêtes avec nous-mêmes, nous ne faisons souvent que le contraire de ce que nous exhorte notre Maître. En effet, que faisons-nous habituellement lorsque les autres nous causent du tort ? Allons-nous les rencontrer pour leur parler discrètement et directement? Ne faisons-nous pas des insinuations malveillantes dans leur dos ? Ne nous les critiquons pas ? Ne nous leur portons pas des accusations sournoises ? Ne nous montrons-nous pas allègrement médisants ? Ne nous résolvons-nous à détruire leur réputation ? Ne nous les réduisons pas à leurs torts ? Et, avons-nous jamais songé que rien de cela n’est chrétien ?

Sœurs et frères, de l’incompréhension il y a partout ; et il y a aura toujours partout où il y a l’homme. Mais cela ne veut pas dire qu’il doit y avoir des barrières définitives. Non ! Nous devons toujours garder les portes ouvertes aux autres. Nous ne devons jamais nous résigner devant la perte définitive d’un prochain. Nous devons toujours être prêts à les accueillir, leur pardonner, nous réconcilier avec eux et leur accorder une seconde chance, à l’instar de notre Dieu qui ne cesse de nous répéter : « Aujourd’hui, si vous entendez Ma voix, ne fermez pas votre cœur !» Et le moyen pour y arriver, Jésus nous le propose : la correction fraternelle.

Par ailleurs, il faut faire attention, car le but de la correction fraternelle n’est pas d’humilier l’autre, ni de se monter avoir raison ou qu’on soit meilleur, mais de lui donner une chance d’être à nouveau un frère, une sœur : «Si ton frère t’écoute, tu auras gagné ton frère». Voilà le but recherché, le prix de la rencontre, la grande récompense : non pas de gagner un argument, de prévaloir sur les autres, de les humilier, d’obtenir la satisfaction mesquine et égoïste d’avoir raison, mais bien de «les gagner en tant que frères/sœurs», et de constater les fruits de l’ouverture et la joie que procure le don…

Cependant, comme aimait le dire Mgr Joseph Serge Miot : « Tout don est une conquête. Un don est un don que s’il est reçu ». Le coupable ne doit pas donc être forcé d’accueillir notre correction. Et s’il ne la reçoit pas, il doit être considéré comme « exclu de la communion ». Attention ! Ce n’est pas la communauté qui l’exclut, mais c’est lui qui s’auto-exclut du fait de refuser la correction : « Si ton frère refuse d’écouter l’Eglise, considère-le comme un païen et un publicain. » Toutefois, l’intéressant est à venir. Il est dans la compréhension de cette phrase. Mais comment la comprendre ?

Pour comprendre cette phrase, il faut aller vérifier le comportement de Jésus face aux païens et aux publicains : Jarius, le Centurion, les Samaritains, Matthieu, Zachée, le lépreux de la frontière de Samarie... nous savons bien l’accueil qu’Il leur a toujours réservé, l’affection et l’amour qu’Il leur portait. Et nous, quel est notre comportement à l’égard de ceux dont nous disons pécheurs ?

Aujourd’hui, le Seigneur veut nous procurer ou renouveler la grâce de la vraie liberté, non pas pour blesser nos prochains, mais pour les aider. Il souhaite que nous nous laissons façonner par Sa parole, que ce soit elle qui inspire notre manière de penser, de parler et d’agir. De plus, Il veut nous voir attentifs, humbles, justes envers nos prochains lorsqu’il s’agit de les ramener dans le droit chemin, «d’agir d'une main maternelle, avec la délicatesse infinie que nos mères mettaient à soigner les grandes ou petites blessures de nos jeux et de nos chutes enfantines» (St. Josémaria) ; car c’est le seul moyen de pouvoir unifier, accorder notre communauté et être surs que le Seigneur est parmi nous quand nous nous rassemblons en son Nom. Toi aussi, cette requête est pour toi, si tu entends la voix du Seigneur, ne ferme pas ton cœur (He 3,7-8).

Publicité
Commentaires
ad Iesum per hominem.-
Publicité
Derniers commentaires
ad Iesum per hominem.-
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 548 751
Publicité