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18 juillet 2020

L’Église, une assemblée de gens fragiles qui tombent mais qui sont relevés

Le bon grain et l'ivraie

16e Dimanche TOA

Matthieu 13,24-43

Parabole du bon grain et de l'ivraie

 

D’où vient le mal ? Qui ne s’est jamais posé cette question, aussi fondamentale que sensée ? Fondamentale parce que l’homme de tout temps et de toute civilisation s’y heurte, après avoir constaté des horreurs comme les inquisitions, les chasses aux sorcières et les purges, la traite des Noirs, les guerres mondiales, le massacre des Juifs à Auschwitz, les complots aux dépens de l’Afrique noire et des « petits » pays comme Haïti tant par les étrangers que par leurs propres fils ingrats et malhonnêtes, la répartition si inéquitable des biens temporels, la faim et le marasme dans lequel vivent la majorité de la population planétaire alors que leurs voisins vivent sur la lune, les projets destructeurs de certains leaders politiques exprimés clairement sous forme de décrets et les médias qui les aident manifestement, les églises et cathédrales incendiées… et la méchanceté des hommes qui leur pousse à inviter des virus destructeurs dont nous avons tous entendu parler.

Sensée parce que le mal nous environne. Oui, il est un fait avéré que le mal est partout, même dans l’Eglise où « la fumée de Satan est entrée par quelque fissure» (Paul XVI). Oui, admettons-le, « l’Église semble souvent à une barque qui prend l’eau de toute part et qui est prête à couler, un champ où nous voyons plus d’ivraie que de bon grain. Ses vêtements et son visage si sales nous effraient. Mais c’est nous-mêmes qui les salissons ! C’est nous-mêmes qui trahissons le Seigneur chaque fois, après toutes nos belles paroles et nos beaux gestes… En elle aussi, Adam chute toujours de nouveau. Par notre chute, nous traînons le Seigneur à terre, et Satan s’en réjouit, parce qu’il espère qu’Il ne pourra plus Se relever de cette chute ; il espère que le Seigneur, ayant été entraîné dans la chute de son Église, restera à terre, vaincu. Mais Lui Se relèvera pour nous relever aussi. » (Cf. Cardinal Ratzinger demandant pitié pour l’Eglise, Chemin de Croix 2005, prière pour la neuvième station).

Par ailleurs, qui, de plus, n’a jamais entendu les accusations portées contre Dieu, lesquelles Le feraient passer pour l’auteur du mal ? Dieu, disent-elles si souvent, permet le mal afin de faire prendre conscience de Sa miséricorde. A des questions pareilles, les livres de la Genèse et de la Sagesse, en effet, nous ont déjà répondu. Car, contrairement aux autres religions, l’auteur du livre des origines (1,31) écrit que tout ce que Dieu a fait était bon ; et l’homme, très bon. Le livre de la Sagesse fait le point lorsqu’elle rappelle que la mort [et ses agents] sont introduits dans le monde à cause de la jalousie du diable et de la complicité de l’homme (Sg 2,23-24). Et Jésus, pour sa part, inscrit son discours dans cette ligne, puisqu’Il affirme que le maître de maison n’a semé que du bon grain ; même si telle n’a pas été sa cible.

La cible de la liturgie de ce 16e Dimanche TOA est de nous inviter à comprendre cette parabole comme « clé de lecture de toute l’histoire de l’homme » ; car, « dans les diverses époques et avec des significations variées, le blé croît avec l’ivraie, et l’ivraie avec le blé. L’histoire de l’humanité est le théâtre de la coexistence du bien et du mal. Cela veut dire que, si le mal existe à côté du bien, le bien persévère donc à côté du mal et croît, pour ainsi dire, sur le même terrain, qui est la nature humaine. » (Saint Jean-Paul II).

A travers cette parabole, le Christ nous montre clairement Qui Il est : non un optimiste extrémiste qui fait fi de la présence du mal, non plus un pessimiste désespéré qui ne trouve rien de bon autour de nous, mais un Réaliste qui nous invite à nous rendre compte que la perfection n’est pas de ce monde. Et si du point de vue naturel il y a les ouragans, les tempêtes tropicales, les tornades, les tremblements de terre, les feux de forêts, les érosions, les inondations, les sécheresses, dans la vie de tous les jours, - même si nous envisageons l’avenir avec beaucoup d’amour, d’espoir et de projets merveilleux -, il y a les maladies, les querelles, les problèmes financiers, les luttes, les infidélités politiques, amicales, religieuses et familiales, la malnutrition, les séparations, les virus, les incompréhensions, les problèmes de ségrégations raciales…

Oui, dans le quotidien de nos jours, il y a la consolation et la désolation, le doux et l'amer, la fleur et l'épine, le froid et la chaleur, l’échec et la réussite, la beauté et la souffrance, la joie et la tristesse, le courage et la peur… Il y a, veut-Il nous rappeler, un mélange de bien et de mal, de «grâce et de péché» et c’est dans notre propre cœur que les deux existent côte à côte. Saint François de Sales écrit à ce sujet: « le chemin du bien et du mal passe par mon cœur » ; et saint Paul disait : « Je ne fais pas le bien que je veux et qui est à ma portée ; mais je commets le mal que je ne veux pas». (Romains 7, 19).

Sœurs et frères, il est clair que le Christ répond, en ce 16e Dimanche, à une question qui nous préoccupe. Et pourtant, ceci n’est pas le contexte de l’évangile du jour ; le Christ nous invite à le chercher ailleurs, précisément dans le mystère d'iniquité qui ne provient pas de Dieu, qui nous dépasse, mais qui pourtant dévaste ce jardin de Dieu qu’est l'Église, même s’il nous est difficile de l’admettre. Il veut nous remettre à notre place de créatures ; car, trop souvent, nous voudrions prendre la place de Dieu, en Lui voulant être plus puissant, bourreau, plus commandeur empêchant aux forces qui ne sont pas dans notre camp d’agir : «Veux-tu donc que nous allions ramasser l'ivraie?» (Mt 13,28).

Ici, le Christ veut nous délivrer de nos sectarismes, de nos pré-jugements trop sévères et trop hâtifs envers les autres. Nous nous mettons volontaires en ce qui concerne la recherche des coupables pour opérer un tri et exclure ceux qui, à nos yeux, ne sont pas dignes afin d’avoir un monde meilleur ou une Église sans taches ni rides. Oui, nous sommes impatients de leur conversion tout en oubliant que, dans notre propre cœur, ivraie et blé poussent côte à côte.

Sœurs et frères, Dieu n’a jamais voulu une Église de «purs», mais une assemblée de gens fragiles capables de chutes, et à qui Il ne refuse jamais Sa grâce lorsqu’ils décident de se repentir. Il y accepte ce mélange fait des bons et des mauvais ; si bien qu’Il va jusqu’à provoquer le scandale en préférant les pécheurs dont Lui seul, patient, connait le fond de leurs cœurs subtils. Quant à nous, nous n’avons aucune autorité de juger quiconque du fait de nos sentences trop souvent injustes et faussées par nos préjugés et nos partis-pris. Seul Dieu peut démêler les mauvaises herbes du bon grain. Est-il à nous de le faire d’ailleurs ? Qui es-tu pour juger ton prochain ? (Jc 4,12).

Aujourd’hui, nous sommes invités à imiter la manière de faire de Jésus, Lui qui est pour la méthode des petits pas. Il aime le cœur de chaque homme, où le bon grain et l’ivraie s’engagent dans une lutte sans merci. C’est vrai qu’Il a hâte de voir son Royaume parvenu à sa pleine maturité ; cependant, Sa délicatesse à l’égard du monde fragilisé par le péché Le pousse à faire sentir plus radicalement Sa patience et Sa prudence. Il est puissant, mais juge avec indulgence, et gouverne avec beaucoup de ménagement (Sg 12,8…).

Telle est la leçon du Christ pour ce Dimanche : critiquons-nous et jugeons-nous nous-mêmes, mais faisions preuve de tolérance envers les autres ; ce qui contribuera à calmer nos fourgues de justiciers vindicatifs et nos arrogances. Oui, Il nous invite à voir le verre à moitié rempli, c’est-à-dire les germes d’éternité qui sont cachés au cœur du monde. Telle est l’invitation de st Pape Jean-Paul II: «Supportons patiemment la miséricorde de Dieu, et le reste dépendra de Lui et de Lui seul qui attend jusqu'au dernier moment pour offrir le salut à toutes les âmes, spécialement aux plus nécessiteuses de Sa miséricorde» (Mémoire et identité).

Comme à tout le monde, le Seigneur est venu pour vivre en toi particulièrement depuis le jour de ton baptême. Il a semé dans le jardin de ton cœur les débuts de ton Royaume et t’a donné en germe Ses vertus et Ses dons. Si tu peux conseiller les autres, tant mieux. Cependant, ta mission n’est pas de vouloir arracher l’ivraie de leurs jardins, mais de faire grandir tes bons grains jusqu’à leur plénitude, en demandant au Seigneur de toujours dominer sur l’ivraie que tu laisses pousser dans ton propre jardin afin que Lui seul règne en toi. Et si tu entends Sa voix, ne ferme pas ton cœur. (He 3,7-8).

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