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25 avril 2020

La conversion par la Messe

Emmaus 2

3e Dimanche de Pâques-A

Luc 24.13–35

Reste avec nous, il est tard

 

C’était le même Jour, nous dit saint Luc ; c'est-à-dire le Dimanche. Oui, encore le Dimanche, ce jour très important dans la vie des chrétiens. Le Jour du Seigneur qui est le Seigneur des jours. Ce Jour qui, pour nous, est comme le sein maternel, le berceau, la fête, le foyer et aussi l'encouragement missionnaire. Jour que le Seigneur a fait pour nous : Jour de joie et d’allégresse, mais qui perd tout son sens et toute sa force quand notre vie devient fade et sans goût. C’est exactement ce qui se passait pour les deux voyageurs d’Emmaüs : frustrés, découragés, désespérés, nous rapporte saint Luc, ces deux disciples retournèrent à leur village, ils n’arrêtèrent pas d’exprimer leur déception : « Nous espérions que c’était Lui qui nous délivrerait, mais ils l’ont condamné à mort et l’ont mis en croix… »

En effet, avec Cléophas, c’est chacun de nous qui – dans l’autre disciple dont on ne cite pas le nom - est sur la route d'Emmaüs. Car cette déception, ce manque d’espérance constitue le covid-X qui affecte tous les aspects de notre vie : après environ 2000 ans de prédication, nous espérions que l’homme deviendrait humain… Nous espérions que nos enfants, avec l’éducation qu’ils ont reçue de nous, allaient transmettre les valeurs et le flambeau de la foi à leurs enfants… Depuis décembre dernier, l’humanité, faisant face à une situation sans précédent et humainement sans issue : nous espérions que Dieu aurait déjà dit un mot... 

Oui nous aussi, à un moment ou l’autre, nous nous sommes retrouvés à la tombée du jour, découragés et sans solutions à nos problèmes : un deuil soudain, une pandémie, une maladie incurable, la fin d’une grande amitié, un revers de fortune, la faim dans le monde, notre impuissance devant la méchanceté des hommes, un échec quelconque… Et comme les disciples d’Emmaüs, nous rentrons à la maison de notre vie, la tête basse, le regard éteint, car Celui sur Lequel nous misons semble être mort. 

Mais paradoxalement, c’est à ce moment qu’Il veut entrer de nouveau dans notre vie. Il vient à travers un ami, un enfant, un pauvre, un collègue de travail, un expert, un médecin, une infirmière, un parfait étranger, et même dans les vicissitudes… Au premier abord, nous n’y reconnaissons pas le Christ qui vient faire route avec nous pour nous faire part de Sa sollicitude; car nous L’avions laissé, pensons-nous, dans le tabernacle de nos églises. Mais Il est là, accompagne notre pèlerinage de vie, écoute avec attention nos histoires et nos mésaventures, et colore  notre avenir apparemment fermé. Toutefois, Il précise pour nous aujourd’hui un haut lieu où nous pouvons, de manière éminente, Le reconnaitre. Mais où?

La réponse est la Messe. Oui, c’était au cours d’une Messe, spécialement dans la Consécration, que le Ressuscité S’était laissé reconnaitre par les disciples. Et si nous y prêtons attention, nous verrons que ce passage a exactement la structure d’une Messe, avec ses deux Tables : celle de la Parole (Jésus explique les Écritures) et celle de l’Eucharistie (Jésus rompt le pain). C’est pareil si on tient à détailler le récit.

Ils rendaient à un village : tout comme nous, chaque Dimanche, nous nous rendons à la Maison du Seigneur pour répondre à notre rendez-vous... Nous pensions : ce qui nous fait penser à la liturgie pénitentielle où nous prenons conscience combien notre « cœur est sans intelligence, lent à la foi»… Il leur fit l’interprétation de ce qui le concernait dans toutes les Écritures : ici c’est la liturgie de la Parole comme telle… Reste avec nous, le soir tombe et déjà le jour baisse : n’est-ce pas là notre prière universelle où nous implorons la présence du Seigneur dans les aspects noirs de notre vie ? Le pain présenté au Christ nous fait penser bien à nos offrandes… Comme Il était à table avec eux, Il prit le pain, le bénit et, après l’avoir rompu, le leur donna : n’y voyez-vous pas la consécration ? Notre cœur n’était-il pas tout brûlant en nous : voyez-y l’action de grâce… À l’heure même ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem : il s’agit ici de l’envoi en mission, où nous conviés à publier les merveilles de Dieu.

Commentant ce passage, Saint Augustin veut attirer notre attention sur la consécration, le moment culminant, où Jésus se rend substantiellement présent et ouvre nos yeux de la foi. Il dit : « À quel moment le Seigneur voulut-Il qu'on Le reconnût ? Au moment de la fraction du pain. Nous aussi, nous en sommes sûrs, en rompant le pain nous reconnaissons le Seigneur. S'Il ne voulut Se dévoiler qu'en ce moment, c'était en vue de nous qui, sans Le voir dans Sa chair, devions manger Sa chair. Toi donc, qui que tu sois, toi qui es vraiment fidèle, toi qui ne portes pas inutilement le nom de chrétien, toi qui n’entres pas sans dessein dans l'église, toi qui entends la parole de Dieu avec crainte et avec confiance, quelle consolation pour toi dans cette fraction du pain ! L'absence du Seigneur n'est pas pour toi une absence ; avec la foi tu Le possèdes sans Le voir ».

Sœurs et frères bien-aimés, qui d’entre nous n’a pas déjà marché sur cette route, un soir où tout semblait perdu? Quand des élus pour lesquels nous avons voté sont devenus  l’incarnation la plus parfaite de la corruption; quand un ami de longue date nous trahit; quand quelqu’un sur lequel nous avons misé nous refuse son aide; quand une calomnie ou une médisance provient d’un bon ami; quand un enfant pour qui nous avions de grands projets mais dont nous assistons à la déviation à cause de mauvaises fréquentations; quand une jeunesse dont nous voyons fuir son pays pour n’y avoir vu aucun avenir possible; quand, dans son pays, pour être pris en considération, il faut être membre d’un gang; quand nous sommes forcés d’être confinés; quand nous nous rendons compte que les plus grands conflits sont d’ordre familial; quand nous voyons le niveau que peut atteindre la méchanceté de l’homme…

Ces situations – et 1000 autres semblables - représentent le soir dans notre vie; car en de pareils instants, la flamme de notre espérance baisse. Nous perdons la foi. Nous allons notre chemin, tristes, frustrés, déçus, traînant les pieds comme des morts pour retourner à nos routines quotidiennes. Oui tous, nous avions déjà expérimenté la même chose, une étape dans notre vie où nous nous identifions comme disciples de Jésus, mais sans force, sans enthousiasme : notre vie chrétienne était seulement une tradition; nous nous sommes habitués à la prière, à la Messe, aux Sacrements, aux choses de Dieu sans y être avec tout nous-mêmes… Tout était dans notre tête d’éminents philosophes et de doctoraux théologiens sans arriver à rejoindre notre cœur. Nous faisons prier tout le monde sans prier nous-mêmes.

En ce 3e Dimanche de Pâques, le Vivant S’invite à faire route avec nous dans nos marches de morts. En fait, Il a toujours été là. Nous étions seuls et nous n’étions pas seuls. La Vie marchait bien avec nous mais Elle n'était pas rentrée encore dans nos cœurs, justement parce que nous ne Lui avions pas ouvert les portes. N’ayons pas peur, comme nous exhortait saint Jean-Paul II : « N’ayez pas peur d’ouvrir bien larges toutes les portes au Christ, le seul Rédempteur de l’homme.» Oui, il est plus que jamais important de chercher à vivre à chaque Messe – bien que nous en ayons privée ces jours-ci – comme une occasion optimale de faire rencontre avec le Christ ressuscité qui S’y rend présent parmi nous, puis Se donne dans l’intimité de chacun de nos cœurs.

Il y est là. Il Se tient  devant la porte de notre vie et Il frappe (Ap 3,20). Si nous entendons Sa voix, ne fermons pas notre cœur (He 3,7-8).

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Note : Luc 24.30-32 : Comme il était à table avec eux, il prit le pain, il le bénit et, après l’avoir rompu, il le leur donna. Alors leurs yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent ; mais lui déjà était devenu invisible à leurs yeux. Ici, c’est comme si le Ressuscité dit à ces disciples, donc à nous : « Dorénavant, vous ne Me verrez plus dans Ma chair, mais c’est le Pain eucharistique. Vous avez besoin seulement d’avoir la foi.

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