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1 avril 2020

Dieu et la souffrance / Covid-19

Le mystère d’un Dieu souffrant et compatissant dans un  monde malade

SOufrance

 Dieu n’est que bonté: après vous avoir appelés dans le Christ à Sa gloire éternelle, Il vous laisse souffrir un moment pour vous façonner, vous affermir, vous fortifier et vous donner votre place définitive.  À Lui la puissance pour les siècles des siècles (1P5, 10-11).

 La pandémie de coronavirus, qui  sévit dans le monde depuis la fin de l’année 2019, ne manque pas de soumettre la foi  à de rudes épreuves. Face à la perte effrénée en vies humaines, le danger imminent qui nous menace tous, la peur contagieuse, la fermeture des institutions, le confinement total ou partiel etc., on peut, non à tort se demander: Pourquoi tant de souffrance ? Pour quoi Dieu n’a-t-il pas empêché la pandémie ? Ou tout simplement, pourquoi Dieu n’a-t-il pas créé un monde aussi parfait qu’aucun mal ne puisse y exister ? Laissons la doctrine  de l’Eglise nous éclairer.

La présence du mal est un mystère auquel aucune réponse rapide ne peut suffire. C’est l’ensemble de la foi chrétienne qui éclaire ce scandale. Nous pensons que la vérité basique c’est la conviction que Dieu, en tant que Père infiniment bon et miséricordieux, ne saurait ni être à l’origine du mal et de la souffrance, ni  nous les infliger. Ce serait, pour Lui, le reniement pur et simple de sa nature.  Ce qu’Il veut pour nous c’est la vie, le bonheur en plénitude. Essayons de différencier  les principaux types de mal pour mieux approfondir la réflexion.

Le mal physique désigne le type de mal causé naturellement comme  la maladie, la douleur, la mort etc. Il faut comprendre ces maux en fonction de l’imperfection des êtres. D’ailleurs,  « la création a sa bonté et sa perfection propre, mais elle n’est  pas  sortie tout achevée des mains du Créateur. Elle est créée dans un état de cheminement, vers une perfection encore à atteindre » (CEC 302).  Dieu l’a voulu ainsi dans sa sagesse et sa bonté infinies et nous ne pouvons  jauger l’Esprit du Seigneur, L’instruire, Le conseiller pour discerner et prendre le chemin du jugement (cf. Is 40). « Avec le bien physique, existe aussi le mal physique aussi longtemps que la création n’a pas atteint sa perfection » (St Thomas d’Aquin).

Quant au mal moral, il désigne le type de mal comme le péché dans toutes ses formes  qui est  causé suite à un mauvais usage de la liberté, qui devrait pourtant être employé pour vaincre le mal. Cette liberté dotée à l’homme est loin d’être un mauvais calcul de la part de Dieu. C’est une grande marque de respect pour  la dignité humaine. Il n’entend pas « programmer » l’homme comme un robot. Pour reprendre Benoit XVI, Dieu ne restreint pas notre liberté comme si nous étions des marionnettes dans Ses projets éternels. Il donne à l’homme de participer librement à la réalisation de son dessin pour l’humanité. Il a voulu être cause première opérant par et dans les causes secondes constituées par le concours des créatures. Tant que cette liberté ne s’est pas fixée définitivement dans son bien ultime qu’est Dieu, le péché pourra  toujours nous ronger.  Il importe toujours de nous armer de courage pour  faire nôtre la volonté de Dieu.

Soufrance 2

En fonction de tout ce qui précède, nous affirmons que la réalité de la souffrance est belle et bien là, bien qu’elle ne fasse pas partie du projet initial de Dieu pour l’humanité. « Nous pouvons essayer de  la limiter, la combattre, nous ne pouvons pas l’éliminer (Benoit XVI, Spe Salvi, 37). Entrer dans le combat contre le mal et la souffrance, c’est justement entrer dans la dynamique du plan de Dieu, se faire instrument de la providence. Dans le contexte d’aujourd’hui, la montée du Covid-19  n’implique en aucune manière l’impuissance de Dieu.  Nous devons éviter d’enfermer la Toute-puissance de Dieu dans nos catégories humaines. D’ailleurs, «Sa Toute-Puissance est révélée de façon mystérieuse dans l’abaissement volontaire et dans la Résurrection de son Fils, par lequel il a vaincu le mal » (CEC 272). Nous comprenons alors que ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes (1Co 1, 25). En Jésus-Crucifié, Dieu n’abolit pas toute souffrance mais il nous en donne un sens tout en  souffrant avec nous. Il est le Prochain par excellence. Nous pouvons compter sur Lui et Lui demander de ne pas nous laisser au milieu de la tempête.

« Seule une église qui confesse publiquement sa foi et son espérance  en l’Homme de Nazareth, crucifié sous Ponce Pilate, a le droit de se dire chrétienne » (Jürgen Moltmann, théologien  allemand). Au milieu de nos souffrances,  nous devons regarder le Christ en Croix, surtout en ce temps de Carême. C’est en Lui que l’énigme de  nos souffrances peut s’éclairer. Point n’est besoin de penser que le Covid-19 est une punition divine car Dieu est infiniment miséricordieux. Le Pape François l’a fait remarquer sur la place St Pierre le 27 mars dernier en disant : « Seigneur, Tu nous invites à saisir ce temps d’épreuve comme un temps de choix. Ce n’est pas le temps de ton jugement mais celui de notre jugement : le temps de choisir ce qui importe et ce qui passe, de séparer ce qui est nécessaire et ce qui  ne l’est pas. C’est le temps de réorienter toute la route de la vie vers Toi et vers les autres ».

En ces jours difficiles, puissions-nous éviter la panique, appliquer les conseils sanitaires qui sont d’une grande importance dans la lutte contre le Coronavirus. Dans notre confinement, prenons le temps de redécouvrir les vraies valeurs qui donnent sens à la vie, écoutons la voix du Seigneur nous disant : «  N’ayez pas peur » (Mt 28,5), « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps » (Mt 28, 20).

Bonne traversée à tous !

               

 

Père Jean Lesly JUSTE,

Diocèse de Jérémie

Haiti

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