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28 mars 2020

C’est Lui, la Résurrection et la Vie

5e Dimanche de Carême-A
Jean 11.1-45
Le réveil de Lazare

 

Lazare

Chers amis,

Nous Chrétiens, nous sommes ce peuple qui, derrière notre père Abraham, est toujours en marche. Ceci est tellement vrai, que le présent blocus du monde ne saurait nous immobiliser. Voilà pourquoi, après la rencontre de Sicar, notre Maitre nous emmène à Béthanie, chez ses amis ; non pas pour se reposer après une semaine de durs labeurs, mais pour réveiller Lazare du sommeil de la mort, et, ce faisant, nous faire voir la gloire de Dieu.

Au sujet de ce miracle, nombreux en effet sont ceux qui se plaisent d’utiliser le mot « résurrection ». Il faut dire en toute franchise qu’ici ce mot n’est pas à sa place. Car, ce qui arrive à Lazare est à 1000 années-lumière de ce que nous professons dans les deux derniers articles du Credo : « Je crois en la résurrection des morts, et à la vie éternelle !». Le réveil de Lazare n’a pas été ce que sera pour nous le passage vers la vie san fin. C’était un miracle qui lui a permis de reprendre le cours normal de sa vie. Juste un supplément lui a été favorisé, mais il a dû mourir à nouveau. 

Par contre, en opérant ce miracle, Jésus n’a fait que prendre de grands risques (car c’est ce miracle qui allait signer son arrêt de mort [Jean 11,50]). Et même s’il n’a fait que reculer l’échéance définitive qui attend Lazare, ce signe (un des 7 chez saint Jean) a été très important pour Jésus, car il Lui a permis de Se manifester comme Celui de Qui nous tenons la vie, le mouvement et l’être ; Celui en Qui nous pouvons croire, et Celui sur Qui nous pouvons miser. Aussi c’est une occasion pour la Gloire de Dieu de Se manifester.

« La gloire de Dieu, disait naguère Saint Irénée de Lyon, c’est l’homme vivant ». Et pourtant, il n’est pas évident pour tout un chacun. Pour la voir, on doit nécessairement croire : « Si tu crois, disait Jésus à Marthe, tu verras la gloire de Dieu. » C’est cette même réponse qu’Il a donné à ses disciples au sujet de l’aveugle-né (Jean 9,3) et au début de cette même péricope évangélique : « - Seigneur, celui que tu aimes est malade !» « Cette maladie ne conduit pas à la mort, elle est pour la gloire de Dieu» (Jean 11,34).

Jésus savait très bien ce à quoi servirait la mort de Lazare. Il savait très bien qu’il allait le réveiller. Et pourtant, Il ne pouvait S’empêcher de fondre en larmes (Jean 11,35). Mais pourquoi ? « Les Juifs pensaient qu’Il pleurait la mort de Lazare ; mais Lui, touché de compassion, pleurait sur tous les morts, sur toute l’humanité soumise au mal de la mort. Il était saisi de douleurs en pensant à nos souffrances. Car, quand Il a vu que l’homme fait à Son image était mort, le Seigneur a versé des larmes pour couvrir les nôtres. Car Lui-même est mort exactement pour ceci, pour que nous échappions à la mort.» (Saint Cyrille d’Alexandrie, Père de l’Eglise, 4e siècle).

Retournons à l’endroit et au nom du bénéficiaire du miracle. Béthanie ; elle signifie « Maison du pauvre, de l’affligé » ; et Lazare qui signifie « celui qui est secouru par le Seigneur ». Réfléchissant sur ce miracle, Saint Thomas d'Aquin voyait en Lazare « le type même de tous ceux qui ont la foi, mais qui souffrent de la maladie du péché et qui espèrent le secours de Dieu. Nous avons été baptisés pour la rémission des péchés, comme nous l'affirmons dans notre profession de foi. Mais la vie nouvelle reçue  au baptême et dans les deux autres sacrements de l'initiation (confirmation et eucharistie) ne suppriment pas la fragilité et la faiblesse de la nature humaine, ni l'inclination au péché. Elles nous sont laissées pour que nous fassions nos preuves dans le combat de la vie chrétienne aidés par la grâce du Christ. Ce combat est celui de la conversion en vue de la sainteté et de la vie éternelle à laquelle le Seigneur ne cesse de nous appeler. » (CEC 1426).

Quant à Saint Augustin, dans son commentaire de la parole de Jésus, Pleine d'autorité, "Lazare, viens dehors !", il s'écrie : « La voix du Seigneur a été entendue par Lazare à travers la pierre : qu'elle pénètre nos cœurs de pierre ». « Aussi, ajoute Saint Thomas d’Aquin, est-il donné par-là à entendre que le Christ appelle les pécheurs à sortir de la fréquentation du péché ».

Sœurs et frères, comme pour Lazare, les forces du mal n’arrêtent de nous menacer. Elles cherchent à tout prix à démolir, à tuer, à extirper même l’espérance qui est en nous. Prenons-nous conscience de cela : nous sommes privés physiquement de la sainte Messe et des autres Sacrements. Ce n’est pourtant pas une fatalité. C’est au contraire l’occasion pour nous de supporter patiemment  le jeûne et le combat civique contre l'épidémie qui nous est imposée et de relativiser de ce qui pouvait nous paraître si important et qui se révèle souvent bien futile : biens matériels et relations.

Parlant de nos relations humaines si compliquées, regardons bien ce qui se passe autour de nous : De « grands pays», qui s’étaient accordé dans le temps pour déshumaniser des « petits pays » et qui s’étaient misés sur leurs paires, sont déçus. Les aéroports et les douanes sont fermés. Les mots « union » et « G-X»  sont raillés de leurs vocabulaires. Les uns déçoivent les autres, et se reprochent... Vous et moi aussi, nous avons déjà été déçus par ceux sur lesquels nous avions le plus compté. Voilà pourquoi cette situation est pour nous l’occasion pour reconnaitre que le Seul qui nous abandonnerait jamais est le Christ, Lui l’Ami fidèle (2Tm 2,11-13).

Oui, à travers cette civilisation attirée par l’égoïsme, la lutte des richesses, la destruction et la mort, le Christ nous parle aujourd’hui de vie et d’espérance. «Celui qui croît en moi a (maintenant) la vie éternelle!» Il nous redit, en appelant Lazare hors de son tombeau : «Sors du tombeau... Je suis la résurrection et la vie... Celui ou celle qui croit en moi, même s’il meurt vivra.» Accueillons cette invitation comme un plus grand soutien moral pour tous celles et ceux qui sont au front du combat contre le Mal, lequel apparait sous plusieurs formes.

Le Seigneur voit nos souffrances, comme Il l’a dit à Moise : « Je vois la misère de mon peuple et j’entends ses cris » (Exode 3,7). Il n’a pas attendu que nous allions à Lui, mais c’est Lui qui est venu à nous. Sans calculs et sans mesures, Il vole à notre secours. Dieu est ainsi : il fait toujours le premier pas, il vient vers nous. Il n’est pas étranger de ce que nous vivons, car Jésus a vécu les réalités quotidiennes des personnes les plus communes : Il S’est ému devant la foule qui semblait un troupeau sans pasteur ; Il a pleuré devant les souffrances de Marthe et Marie pour la mort de leur frère Lazare ; Il a également subi la trahison d’un ami. En Lui, Dieu nous donné la certitude qu’Il est avec nous, parmi nous.

Mais, comment répondons-nous à cet immense amour de Dieu pour nous ? Notre prière comporte-t-elle une dimension d’action de grâce ? Cet élan de tendresse vers Celui qui S’est donné pour nous et a pleuré sur notre misère ? Sommes-nous portés à une profession de foi sans arrière-pensée ? Remettons-nous tout ce que nous sommes entre les mains de Dieu ? Rendons-nous compte que notre cœur a besoin d’être vidé des superficialités et illusions de cette vie pour pouvoir accueillir le Christ ?

Aujourd’hui, nous sommes terrifiés par la mort, habillée en Covid-19. Notre âme crie vers Jésus. Il entend, car Dieu entend toutes nos prières. Peut-être Jésus tarde à venir, comme il a fait attendre Marthe et Marie pour mieux manifester Sa gloire. Mais ne pense jamais qu’Il nous abandonne. Cette attente a pour but de creuser en nous l’espérance. Voilà pourquoi il est juste et bon qu’avec Marthe, nous confessons la foi pascale de notre baptême : « Tu es le Fils de Dieu, Celui qui vient dans le monde. » Ainsi, nous entendrons Sa voix nous réveiller de notre sommeil mortifère, et sortir de nos tombeaux pour nous laisser délier des bandelettes de nos péchés.

Si, comme Lazare, vous entendez Sa voix, ne fermez pas vos cœurs.

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