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3 janvier 2020

Un abrégé de l’Epiphanie

Epiphanie

 

Vient du latin Epiphania, du grec Ɛπιφάνεια (Epipháneia), le mot Epiphanie signifie manifestation, apparition. Appelée aussi et surtout par les Orthodoxes «Théophanie », l’Epiphanie est la manifestation de la messianité de Jésus aux nations païennes.

L’Épiphanie est une fête mobile, c’est-à-dire sa date est variable. Par contre, dans les pays où le jour est férié, la fête est célébrée le 6 janvier. Mais ordinairement, c’est le 2e Dimanche après Noël qui lui est réservé, donc le 1er dimanche de Janvier. Et si le jour de l'an tombe un dimanche, l'Épiphanie a lieu le 2e dimanche de Janvier.

Ce qui est intéressant à savoir, c’est que c’est en cette date (6 Janvier) que l’Eglise de rite arménien célèbre la Noël. Pourquoi ?

Dès le commencement jusqu’au 4e siècle, toutes les églises chrétiennes célébraient, dans une seule célébration, la Nativité et le Baptême de notre Seigneur, en cette date qui marquait la venue des Mages. Cette tradition pourrait trouver son origine au sein de certaines communautés chrétiennes d'Égypte au IIIe siècle qui privilégiaient non pas la commémoration de la naissance physique de Jésus mais la première manifestation de sa Divinité.

Mais en 451, dans l’objet de combattre le culte du dieu soleil, un Concile est réuni en Chalcedoine. Voulant rappeler à tout le monde que le seul vrai Dieu, digne de toute adoration, est le Christ, la seule vraie Lumière du monde, l’Eglise décida de fixer la Nativité le 25 Décembre et son Baptême le 6 Janvier. Or l’Eglise arménienne qui était absente du Concile décida de garder l’ancienne tradition de 6 janvier ; cependant à Jérusalem, elle la fête le 19 Janvier.

Ce qu’il faut absolument savoir, c’est que la Nativité de Jésus, traditionnellement fêtée le 25 Décembre, à Noël, est entièrement conventionnelle. Elle n’est pas considérée par les chrétiens comme l'anniversaire de Jésus : ils fêtent l’événement de la naissance, et non le jour de cette naissance dont personne ne sait avec exactitude. Il s'agit d'une démarche théologique et non historique. Retournons aux « Mages »…

Lisez avec minutie et vous seriez surpris, peut-être, que le texte évangélique ne mentionne ni leur nombre ni leurs noms. Il ne les qualifie pas non plus de rois. Dans son texte, saint Matthieu parle de « sages » (en grec : μάγοι, magoï = Mages). Et qui étaient les Mages ?

Les Mages étaient généralement des prêtres Perses ou Mèdes (par exemple, originaire de Babylone). Ils étaient réputés pour leur connaissance en astronomie et astrologie. C’était en réalité des savants, des astrologues, des hommes cultivés qui aimaient observer les astres, en particulier les étoiles. C’était en observant des étoiles que trois d’entre eux ont pu découvrir la fameuse « étoile du berger » et se sont mis immédiatement en chemin. Mais en ces temps, on rapprochait la science de la magie ; jusqu’à présent d’ailleurs. On a coutume de dire que « la science c’est de la magie réussie, et la magie c’est de la science imaginaire ». Le va-et-vient tient encore. Est-ce pourquoi on les appelle jusqu’à présent des Mages. Et d’où vient cette appellation de « Rois » ?

C’est Tertulien, un Père de l’Eglise qui, au IIIe siècle, les as ainsi étiquetés. Il voulait rapprocher le texte de Saint Matthieu d'autres textes bibliques, notamment du psaume 72 qui claironne : « Les rois de Tarsis et des îles enverront des présents, les rois de Saba et de Séba paieront le tribut, tous les rois se prosterneront devant Lui » et du texte d’Isaïe 60,1-6) : « Debout ! Resplendis ! Car voici ta lumière et sur toi se lève la Gloire de Yahvé. Alors que les ténèbres enveloppent la terre, et que les peuples sont dans le brouillard, sur toi Yahvé se lève, et sa Gloire apparaît au-dessus de toi. Les nations alors marchent vers ta lumière, et les rois vers la clarté de ton aurore. Regarde tout autour et vois : tous se rassemblent, ils viennent vers toi ; tes fils arrivent de loin et tes filles sont portées sur les bras. À cette vue tu seras radieuse, ton cœur en frémira et se  dilatera, car les trésors d’outremer afflueront chez toi, les richesses des nations viendront jusqu’à toi. »

Et plus tard, en raison du nombre des cadeaux mentionnés, Origène, Père de l’Eglise et 3e Patriarche de l’école théologique d’Alexandrie où Saint Marc l’Evangéliste a fort probablement été étudié, mentionnait qu’il était trois (3). Et finalement vers le VIIIe siècle, certaines traditions  chrétiennes les popularisaient sous les noms de Melchior, Gaspard et Balthazar.

Pour ces traditions, il s’agissait des descendants des fils de Noé : Cham, Sem et Japhet. Melchior est décrit comme descendant de Sem et représentant de la Perse. Gaspard, au visage asiatique, descendant de Japhet et représente l’Inde. Balthazar est décrit comme descendant de Cham et représente l’Arabie.

Un grand savant, saint Bède le Vénérable, écrivait : « Le premier des Mages s’appelait Melchior ; c'était un vieillard à cheveux blancs et à la barbe longue ; il offrit de l'or au Seigneur pour reconnaître Sa royauté. Le second, Gaspard, jeune encore, imberbe et rouge de peau, lui offrit de l’encens pour reconnaître Sa divinité. Quant au troisième, au visage noir et portant également toute sa barbe, il avait nom Balthazar ; il présente de la myrrhe sachant que Jésus, Fils de Dieu était aussi Fils de l'homme, et, comme tel, il devait mourir pour notre salut. »

Matthieu dit dans son texte : Hérode convoqua les mages en secret et leur fit préciser le moment où l’étoile leur était apparue…

C’est un excellent passage qui nous permet d'avoir une idée plus ou moins claire sur la date de naissance exacte de Jésus ! On connaît avec certitude la date de la mort d'Hérode le Grand : 4 av JC (il a vécu de 73 à 4 av JC)... or il a fait tuer tous les enfants de moins de 2 ans : c'est-à-dire des enfants nés entre 6 et 4 (av JC) ; donc Jésus est probablement né entre 6 et 4, et mort en l’an 29 ! Mais, quand au sixième siècle on a voulu - à juste titre - compter les années à partir de la naissance de Jésus, (et non plus à partir de la fondation de Rome) il y a eu tout simplement une erreur de comptage de la part de Denys le Petit. Donc en 2020, nous sommes théoriquement en 2024, Anno Domini.

 

Repères bibliographiques

  1. Chantal Du Ry, Huy : histoire d'une ville médiévale à travers ses légendes et ses monuments, Céfal, 2000.
  2. Charles SchoebelL'histoire des rois mages, Paris : Maisonneuve et Cie, 1878.
  3. Grégoire Aslanoff, Xavier Durand, Sophie Hubert et al.Ces mages venus d'Orient, Paris, éd. du Cerf, coll. « Biblia magazine » (no 12), 2011.
  4. Marie-Noëlle Thabut, Commentaire sur la fête de l’Epiphanie du Seigneur, eglise.catholique.fr
  5. Maurice Carrez, Bergers et mages : témoins insolites du Christ, Poliez-le-Grand, éd. du Moulin, 1999.
  6. Michel Tournier et Christian JametCélébration de l'offrande : regards sur les Rois mages, Paris, Albin. Michel, coll. « Célébrations », 2001.
  7. Tertullien, Adversus Judaeos, 9 et Adversus Marcionem, 3,13.

 

 

 

Le Saint Nom de Jésus

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