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22 octobre 2017

Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu…

Rendez a cesar ce qui est a Cesar

Voilà un dicton devenu populaire même sur les lèvres de ceux qui sont à peine capables de balbutier quelques mots. Mais connaissons-nous le contexte dans lequel il a été dit ? Prenons-nous conscience de sa portée ?

Cette phrase de plus de 2000 ans est la réponse donnée par Jésus aux Pharisiens qui se déplacèrent pour voir ensemble comment le prendre au piège dans ses propres paroles. L’Evangile de ce 29ème Dimanche du Temps Ordinaire A (Matthieu 22,15-21) nous dit que ceux-là lui envoyèrent donc leurs disciples en même temps que des Hérodiens, et ces gens lui dirent : « Maître, nous savons que tu es droit et que tu enseignes les chemins de Dieu selon la vérité, sans te laisser influencer par personne ; car tu ne cherches pas à te faire bien voir.  Dis-nous donc ton avis : est-il permis de payer l’impôt à César ou non ? »

 

Jésus répond en traitant les questionneurs « d’hypocrites » ! Pourquoi « hypocrites » ? Hypocrites pour deux raisons : hypocrites, parce que :

1.- Cette soi-disant question n’en est pas une... il y a longtemps qu’ils l’ont résolue. A Jérusalem, où se passe la scène, il n’est pas question de faire autrement, sauf à se faire prendre pour un hors-la-loi. Ce que, ni les uns ni les autres, qu’ils soient Pharisiens ou partisans d’Hérode, n’ont pas l’intention de faire. Payer l’impôt à l’empereur, « Rendre à César ce qui est à César », ils le font et Jésus ne leur donne pas tort. D’ailleurs, il a lui-même payé l’impôt une fois pour lui et pour Simon-Pierre (Matthieu 17,24-27).

2.- Ils ne posent pas une question, ils tendent un piège, ils cherchent à prendre Jésus en faute... » Et le ton faussement respectueux qui précède la question force encore le trait : « Maître, lui disent-ils, nous le savons, tu es toujours vrai et tu enseignes le chemin de Dieu en vérité ». Toutes ces amabilités ne sont qu’un préambule pour une question-piège ; et ce piège-là, logiquement, Jésus ne devrait pas s’en sortir ; de deux choses :

1.- Soit il refuse de payer l’impôt : ce qui incitera ses compatriotes à refuser l’impôt prélevé au profit de l’occupant romain et il sera facile de le dénoncer aux autorités, comme résistant ou même comme révolutionnaire et il sera condamné...

2.- Soit il conseille de payer l’impôt : ce qui permettra de le discréditer aux yeux du peuple comme collaborateur des Romains. Mais qui pis est, c’est qu’il perdra toute chance d’être reconnu comme le Messie ; car le Messie attendu doit être un roi indépendant et souverain sur le trône de Jérusalem, ce qui passe forcément par une révolte contre l’occupant romain. Et puisqu’il a prétendu être le Messie, aux yeux du peuple et des autorités religieuses, il méritera la mort, ce n’est qu’un imposteur et un blasphémateur.

Le piège est bien verrouillé, comme nous, chrétiens, nous nous plaisons parfois à les monter aux dépens des autres. De toute manière il est perdu et c’est bien cela qu’on cherche : la première occasion sera la bonne pour le faire mourir ; la Passion se profile déjà à l’horizon, nous sommes dans les tout derniers moments à Jérusalem. Dans sa réponse, Jésus montre bien qu’il a compris : « Hypocrites ! Pourquoi voulez-vous me mettre à l’épreuve ? » Il n’est pas dupe du piège qu’on lui tend...

Pourtant personne ne doit penser que Jésus chercherait à embarrasser ses interlocuteurs ; Jésus n’a jamais cherché à mettre quiconque dans l’embarras ou à tendre un piège à quelqu’un ; ce serait indigne du Dieu dont la lumière éclaire les bons et les méchants. Jésus ne répond donc pas au piège par un autre piège. Il traite la question comme une question et il y répond vraiment : « Rendez à César ce qui est à César » ... « Ne rendez à César que ce qui est à César » ... « Rendez à Dieu ce qui est à Dieu ».

Rendez à César ce qui est à César », y compris en payant l’impôt. C’est tout simplement reconnaître que César est actuellement le détenteur du pouvoir ; c’est accepter une situation de fait. Mais plus tard, au cours de sa Passion, il dira à Pilate « Tu n’aurais sur moi aucun pouvoir, s’il ne t’avait été donné d’en-haut » (Jean 19,11). « Rendez à Dieu ce qui est à Dieu ». La vraie question est là : Etes-vous sûrs de rendre à Dieu ce qui est à Dieu ? En l’occurrence, il s’agit de reconnaître en Jésus celui qui vient de Dieu, celui qui « est à Dieu ». Souvenez-vous que c’étaient eux-mêmes qui disaient que son pouvoir de faire des miracles vient de Béelzéboul, le prince des démons…

« Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu ». Reconnaissant deux réalités : César et Dieu, la réponse de Jésus nous fascine. Rendez à César ce qui est à César parce que, sur cette pièce, il y a l’effigie de César. Cette monnaie est à lui, elle porte son signe. Donc, rendez à César ce qui relève de son domaine.

Et rendez à Dieu ce qui est à Dieu. Mais où trouve-t-on le signe de Dieu : sur quelque chose, sur un élément du monde ou sur quelqu’un? Saint Augustin répond en disant : « Que réclame de toi César ? Son image. Que réclame de toi le Seigneur ? Son image. Mais l’image de César est sur une pièce de monnaie, l’image de Dieu est en toi ». L’homme est l’Effigie de Dieu (Genèse 1,27). Dans nos liturgies, ne chantons-nous pas : TOUT HOMME EST UNE HISTOIRE SACREE, l’HOMME EST À L’IMAGE DE DIEU ?

Et cette vérité, Jésus va nous inviter à la vivre quand, plus tard, il dira à ses disciples : « J’avais faim et vous m’avez donné à manger…. Chaque fois que vous l’avez fait ou ne l’avez pas fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ou ne l’avez pas fait ». Il révèle son signe en s’identifiant au frère, à la sœur, au prochain sans ressources, cet être humain souffrant que nous rencontrons et que devant qui nous passons souvent avec indifférence, il porte depuis ce jour-là le signe de Jésus, comme il a déjà porté celui de Dieu dès sa création.

Nous rendons à Dieu ce qui est à Dieu quand nous refusons de nous solidariser dans le mal ; mais au contraire, c’est quand nous faisons tout, nous travaillons pour la promotion de l’homme, chemin qui mène à Dieu. Celui-là même que le Créateur a voulu et en a fait un peu moins qu’un Dieu, l’a couronné de gloire et d’éclat, a soumis l’œuvre de ses mains, a tout rangé sous ses pieds, que ce soient les brebis ou les bœufs, ou même les bêtes sauvages et l’oiseau du ciel et les poissons des mers, pèlerins des routes sous-marines. (Psaume 8)

L’être humain est né pour être aimé et les biens matériels pour être utilisés. Si le monde va si mal, s’il va à l’envers, c’est parce que les biens matériels sont aimés et les humains sont utilisés. Donc, apprenons à rendre à César ce qui lui appartient et à Dieu ce qui lui revient.

 

La paix soit avec vous !

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